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HISTOIRES CORSES                                                                                                                                                                NE NOUS RACONTONS PAS D'HISTOIRES

Blog de l'actualité



Bibliographie
C’est une histoire de mythes et d’identité : la question corse qui fait souvent l’actualité
a tordu la mémoire des faits. Le tout grâce à la
réécriture de l’Histoire de l’île et à la mythologisation de la langue


La langue, enjeu de libération ?

 L’auteur de ces lignes n’est pas corsophone. Peut-il alors écrire quoi que ce soit au sujet de la langue corse, s’interroger sur la nature du corse, langue, dialecte ou patois, ou même pouvoir argumenter à bon escient ? L’auteur de ces lignes ne parle ni n’entend facilement le corse, ce faisant il n’est pas seul de son espèce et beaucoup parmi les corsistes discourent au sujet de la langue corse sans pouvoir échanger deux mots en version originale.

 En réalité là n’est pas la question. L’auteur de ces lignes sait suffisamment de latin, de français, d’italien, d’anglais, d’espagnol, de catalan, et a fureté dans d’autres langues pour ne pas se laisser gruger par des raisonnements abusifs de la part de corsistes, linguistes auto-proclamés, qui alignent les contre-vérités en toute impunité intellectuelle.

 Ne nous cachons rien : la plupart des Corses n’ont aucune maîtrise de leur langue, et il n’y a aucune difficulté à reconnaître que la société corse n’est plus corsophone et ignore presque totalement la langue et la culture italienne. Mais le corse a-t-il vocation à survivre, y a-t-il seulement un droit imprescriptible pour une langue à demeurer ? Le corse doit-il être défendu comme la marque de l’identité du peuple corse ou de la nation corse ? S’agit-il de revendiquer le droit d’un peuple à disposer d’une langue différente des autres, une sorte d’ethnicité linguistique ? Ou plus modestement d’exprimer la volonté de marquer son pré carré dans une Europe des régions ?

 Pour y voir clair, il nous faut d’abord poser quelques définitions nous permettant de savoir si nous pouvons parler d’une langue et non d’un dialecte ou d’un patois. Il ne s’agit pas là d’un débat académique, mais d’un débat qui délimite une frontière au sein même du corsisme. L’unité même du corse fait question non dans sa constatation (le corse ne respecte pas une norme académique unifiée) mais dans son devenir. Enfin, le positionnement du corse dans l’ensemble des aires linguistiques méditerranéennes constitue un enjeu plus politique que linguistique.

 
Le corse est-il une langue ?

 
Tout d’abord, le corse fut un parler non écrit, l’un des premiers textes étant constitué de quelques vers de Salvatore Viale dans la Dionomachia, parue en 1817 à Londres, mais cela ne signifie pas que le corse soit un patois. En effet, la langue n’est nullement définie entièrement par sa capacité à être transcrite, puisque des langues isolées ne sont pratiquées qu’oralement tandis, qu’à l’inverse, des formes écrites de variétés patoisantes d’une langue commune existent : voyez l’escholier limousin chez Rabelais dans Pantagruel, ch. VI, ou le paysan normand dans l’œuvre de Molière! Mais, plus significativement encore, considérez la littérature italienne où les écrivains n’hésitent pas à émailler leur prose de régionalismes voire de tout écrire dans la langue locale.

 Une langue n’est nullement un ensemble homogène et abouti. Elle présente des variétés, des dialectes, parfois eux-mêmes variant en micro-dialectes ou en formes patoisantes. Le passage d’un état à un autre est d’ailleurs affaire purement subjective puisque cela renvoie à la définition d’une norme ultime, celle de la forme historiquement ou culturellement dominante qui cantonne les autres variétés dans un statut inférieur, ainsi en est-il du picard au regard du français, du valencien vis-à-vis du catalan ou de l’aranais comparé au gascon. Dans le cas du corse, aucune forme ne s’est imposé à l’autre puisque aucun Etat ni aucune œuvre majeure écrite dans un dialecte corse n’a promu celui-ci au rang de norme. Le corse est donc resté à l’état d’un ensemble linguistique multiple combinant des aires dialectales aux franges perméables et tolérant des variations de parlers d’une vallée à l’autre ou d’un village à l’autre. La situation corse se complique encore de l’interférence avec le français. Pourtant, il est indéniable qu’un locuteur corse est capable immédiatement de reconnaître dans un discours d’un locuteur d’une autre vallée que celui-ci parle corse. En d’autres termes, les variétés corses renvoient à une perception commune, que certains imprudemment n’hésitent pas à qualifier de « conscience linguistique », mais qui se définirait mieux et sans relent ethniciste comme la reconnaissance par les locuteurs de marqueurs linguistiques communs et suffisamment différents des marqueurs qui identifient les autres aires linguistiques.

 Le corse est donc bien une langue, une langue polynomique puisqu’elle n’impose aucune hiérarchie entre les variétés linguistiques. C’est donc une langue non normalisée qui n’a vu émerger aucun système dominant mais d’un autre côté cette tolérance de la diversité pour une langue somme toute peu pratiquée gêne considérablement le développement d’une littérature autochtone malgré des efforts incontestables.

La concession de l’enseignement du corse dans la loi Savary en 1982 ainsi que la création du CAPES de corse a pu, un temps, faire croire à une nouvelle dynamique en faveur du corse. Une communication du Préfet et du Recteur en juin 2002, indiquait que, dans le premier degré, plus de 20 000 élèves bénéficiaient d’au moins une heure d’enseignement hebdomadaire, avec le renfort des 16 maîtres recrutés par concours spécial de professeurs des écoles bilingues, mis en place en 2001-2002 à l'IUFM de Corse. Dans le second degré, 10 000 élèves reçoivent un enseignement de 3 heures par semaine. Mais, en réalité, seules 39 écoles soit 2000 élèves environ proposaient un véritable enseignement bilingue. Et même si les chiffres sont en nette progression de 17 % en quelques années pour atteindre 2300 élèves, force est de constater que cet effort n’a pas abouti à véritablement renforcer la corsophonie dans l’île, aussi sans doute, nous le verrons plus tard, parce que le terreau démographique est irrémédiablement compromis. La pratique du corse régresse constamment, il suffit d’entrer dans n’importe quelle boutique de Bastia mais aussi de Corte, pour constater qu’au rebours de ce qu’on peut constater en Alsace (pour des raisons historiques évidentes), l’usage du français domine franchement.

En tout état de cause, l’enseignement du corse pose inévitablement la question de la norme comme garantie d’efficacité. Déjà les méthodes d’apprentissage, telle celle de Pascal Marchetti parue chez Assimil et donc bénéficiant de la diffusion la plus large possible, hésitent entre les différentes formes ce qui présente une difficulté supplémentaire d’apprentissage pour un débutant.

 L’effort certain de publication en langue corse, et dans une moindre mesure de création directe dans cette langue, est plus la manifestation d’une volonté politique de maintien d’un élément essentiel de l’identité que la manifestation d’un élan culturel, qui, sans ambition véritable, risquerait de se cantonner au folklore. Le succès de la chanson corse, et sa reconnaissance sur les scènes parisiennes et dans les maisons de disque peut être comparé avantageusement aux productions plus folkloristes d’autres régions. Cette production a même dépassé en notoriété et en impact éditorial la production celtisante qui fut une référence dans les années soixante-dix.

 Ainsi la revendication linguistique, ici plus qu’ailleurs, est une revendication qui aborde très rapidement le terrain politique, à tel point que si des corses corsophones peuvent être profondément attachés à la France, le discours corsiste est fondamentalement identitaire. Il est vrai aussi que le jacobinisme français s’accomode mal du bilinguisme, surtout si ce bilinguisme tend à revendiquer un statut de co-officialité.

Les enjeux de la revendication linguistique

 Dans un premier temps la revendication fut culturelle et sans nuance, mais très rapidement au sein de cette revendication le positionnement du corse vis-à-vis de l’italien pose question.

 Pendant la période de l’entre-deux-guerres, la revendication culturelle s’est exprimée dans le mouvement corsiste dont la revue A Muvra fondée par Petru Rocca en mai 1920 est le fleuron. Déjà, à l’époque (1923), c’est autour de ce bulletin que le premier parti autonomiste, le Partitu Corsu d’Azione devait se constituer. Bien que se démarquant, à leurs débuts, du séparatisme, les muvristes furent assez vite soupçonnés d’irrédentisme alors même que leur influence était déclinante, la revue voyant son tirage passer de 1200 exemplaires à 200 exemplaires au début des années Trente. Mais l’irrédentisme linguistique de nombreux muvristes prêtait facilement le flanc à la critique et au soupçon, jusqu’à l’interdiction en septembre 1939.

 C’est la question du statut du corse comme langue et non comme dialecte qui fut au centre des préoccupations des défenseurs de l’identité corse d’alors. Il est vrai que l’ancienneté du corse écrit est faible (quelques poèmes de l’abbé Guglielmi, 1644-1728) et si la Dionomachia de Salvatore Viale a fait l’objet de six éditions en moins d'un siècle, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’une œuvre essentiellement en langue italienne qui témoigne de la dualité de la culture corse au début du XIXe siècle.

 Si durant l’entre-deux guerre, le corsisme s’est surtout exprimé dans le cadre du voisinage de l’italien, le débat « langue ou dialecte » s’est développé après la seconde guerre mondiale en opposant deux approches : un corsisme corsisant et un corsisme italianisant. Le second propose l’italien toscan comme langue écrite de la Corse, le corse n’en étant que l’expression dialectale, sentiment renforcé par son extrême polynomie. Mais d’un strict point de vue de stratégie politique, le corsisme nationaliste des années soixante et soixante-dix ne pouvait en aucun cas accepter cette référence. Il s’est naturellement trouvé contraint de prendre parti pour la promotion du corse comme a lingua nustrale [1] en support écrit aussi bien qu’en expression orale.

 C’est donc une option politique qui a entraîné le corsisme dans la voie de l’indépendance… vis-à-vis de l’aire italique ! Ce qui n’est pas sans provoquer, en retour les accusations de jacobinisme paradoxal à l’encontre des nationalistes d’aujourd’hui, lesquels auraient fait leur l’opposition à un italianisme mortel pour la pérennité du corse. De fait, les corsistes italianistes prétendent combattre les contre-vérités, selon eux, soufflées par l’Etat français et qui reposent sur des présupposés anti-italiens que rien ne justifie :

- Pise et Gènes n’ont jamais été perçues par les Corses de ces époques comme des dominations “étrangères” puisque, culturellement, la corse a fait partie à part entière de l’aire italique jusqu’en 1852, date d’abolition du bilinguisme avec le toscan

- le toscan n’a jamais été imposé politiquement en Corse ni par Pise ni par Gènes, lesquels se contentaient de l’exploitation économique et fiscale de l’île

- l’intercompréhension naturelle entre le corse et le toscan est fruit de la proximité avec les parlers de l’Italie centrale et toscane, voie naturelle des échanges

- l’abolition de l’italien en 1852 sous Napoléon III n’a été nullement un acte libératoire dans le but d’effacer la langue “étrangère” des Génois (lesquels parlent une langue marquée par le substrat ligure) mais un tour de passe-passe supprimant la base nourricière du parler (oral) corse.

 Il n’en reste pas moins, que ce débat recouvre deux stratégies fortement différenciées. D’une part, une revendication plus culturelle et pragmatique, celle des italianisants qui sont, aujourd’hui, plutôt à la recherche d’une recette pour garantir la survie du corse, mais pour lesquels le rattachement à l’Italie à l’heure européenne ne constitue pas nécessairement une option préférable au rattachement à la France ou à l’indépendance. D’autre part, une revendication plus politique que culturelle, celle des nationalistes, pour lesquels l’indépendance politique passe par la mise en avant de marqueurs d’indépendance (ethnicisme et identité linguistique constituant l’essence du peuple corse), sachant qu’à défaut d’une viabilité économique garantie, l’argument de Ferhat Abbas sur la dignité d’un peuple comme ultima ratio de l’indépendance a finalement porté.

 Mais, au final, quels sont les arguments en faveur d’une élection du corse comme langue de culture ou au contraire ramenant celui-ci à une forme de parler toscan figé ?

 
Corse corse ou corse toscan ?

 
Les tenants du corse fils du latin et non du toscan œuvrent  très intensément pour redresser ce qu’ils tiennent pour une imposture diffusée par l’ignorance de certains linguistes avec la complicité de l’Etat français, comme il se doit.

 Pour autant, le débat est régulièrement relancé au sein même du corsisme par les italianisants qui accusent tout autant le même Etat français de favoriser l’intoxication des esprits sur la véritable nature du corse et de ses rapport avec l’italien. On l’a vu, selon eux, il est parfaitement artificiel d’opposer, malgré les conflits de l’histoire, la Corse à l’aire italienne, les élites corses traversant la mer tyrrhénienne pour leur études à l’Université de Pise et les conflits qui ont opposé les Corses aux Génois ne remettent pas plus en cause leur italianité que les conflits entre Pise et Gènes ne remettent en cause celle de ceux-ci ou de ceux-là.  En clair, les Corses se sont toujours vus italiens comme les Pisans ou les Florentins. Comme l’indiquait le correspondant d’un forum sur l’Internet, « la domination génoise en Corse est une des nombreuses guerres intestines d’Italie : Pise fut conquise par Florence, la république de Bologne fut conquises par les armées du Pape, Brescia et Bergame furent arrachées à la Lombardie par la République de Venise, […] les Siciliens se sont souvent soulevés contre Naples, etc… ». En outre, les mêmes soulignent que le toscan ne fut pas imposé par décret mais plutôt graduellement pendant la période d’occupation génoise alors que les Génois eux-mêmes parlent un autre dialecte. La raison tient certainement à l’aura culturelle du toscan qui avait l’avantage d’être d’intercompréhension immédiate avec toutes les autres langues italo-romanes, ce pourquoi les Etats italiens commencèrent progressivement à l’utiliser en lieu et place du latin. La place éminente de Florence comme point d’entrée de l’Italie centrale a sans doute renforcé le phénomène.

 Les italianisants insistent également beaucoup sur le libéralisme de l’italien, son absence de jacobinisme culturel, qualité qui garantirait au corse de pouvoir vivre « à côté » de l’italien. En conséquence de quoi, il n’est nullement nécessaire de s’isoler de l’italien pour exister et résister… au français. D’ailleurs, contrairement au corse, les langues régionales italiennes sont en bonne santé et sont même utilisées en tout ou partie dans des œuvres littéraires importantes de la Péninsule. En conclusion, l’unique moyen de sauver ce qui peut l’être est de bâtir ex-nihilo un contexte linguistique favorable. Or peu de Corses francophones sont disposés à investir dans l’apprentissage du corse pour une langue qui n’est liée qu’au domaine identitaire. Libérer le corse de son isolement culturel exige de renouer les liens culturels avec l’aire italique, en s’y adossant, un peu comme le québécois au français ou le switzertusch à l’allemand. Ainsi, les italianisants font miroiter l’accès à un marché potentiel de 60 millions de locuteurs capables de comprendre le corse (avec sans doute un effort quand même un peu soutenu, car si les corses entendent l’italien, la réciproque n’est pas toujours vraie).

 Ce raisonnement pour séduisant qu’il soit se heurte à deux difficultés : tout d’abord le soupçon d’irrédentisme que même les plus hardis des nationalistes refusent d’assumer, mais aussi, et sans doute surtout, la crainte diffuse qu’un tel choix aboutisse, dans notre époque d’efficacité, à privilégier d’emblée la langue italienne et renvoyer le corse à la forme orale, alors même que ce que l’on cherche est l’identification du peuple corse et non une intégration dans l’aire italique.

 A l’inverse, ce que les corsistes corsisants, qui dominent le débat aujourd’hui, recherchent est bien de promouvoir le corse comme langue autonome. Ils sont donc à la recherche de démonstrations ou, mieux encore, de cautions scientifiques provenant de linguistes parfaitement étrangers ou neutres, c’est-à-dire ni corses, ni français, ni italiens. Un satisfecit européen constitue alors le nec plus ultra de cette course à la reconnaissance, et, de ce point de vue les opinions défendues dans telle ou telle revue sont abondamment commentées. Nous y reviendrons.

 Leur position qu’ils arrivent à faire partager par certains représentants nationaux ou locaux de l’Etat, consiste à « rappeler » (on suppose que le principe en est bien connu des « sachants ») que cette langue n'est pas un italien importé ou transformé, mais le fruit d'une évolution à partir d’un « roman », c’est-à-dire un latin vulgaire propre à la Corse. A ceci près qu’il n’a pas été possible jusqu’à présent d'établir avec précision les étapes datées de cette évolution, ce qui revient à avouer qu’on affirme une chose sans pouvoir la prouver, et personne pour s’en émouvoir !

 Comme il n’est guère crédible de nier l’évidence, à savoir la forte présence du toscan, il faut bien l’expliquer par l’influence exercée à compter de la présence pisane. Ce faisant on confond deux choses : l’impact dû à une occupation et l’émergence progressive du toscan comme langue clef de l’intercompréhension au sein de l’aire italique. Ou pour mieux dire, le toscan s’est-il imposé en Corse à partir du Xè siècle parce que Pise s’est implanté (auquel cas on ne comprend pas pourquoi Gènes n’a pas « imposé » le génois à son tour) ou bien parce que cette langue toscane a étendu naturellement son aire d’influence en Corse comme ailleurs, comme à Gènes, et ce sur une période peut-être même plus récente.

 Les tenants du corse « accidentellement toscanisé » évoquent à ce propos la rupture antérieure d’une antique unité linguistique entre un proto-sarde et un proto-corse, unité dont on ne sait rien. Tout cela ressemble fort à une reconstruction purement hypothétique, partant du fait que la Sardaigne a connu une domination catalane et aragonaise tandis que la Corse, après un bref sort commun, s’est vue arrimée à la botte italienne.

 Lorsque est évoquée la couleur toscane du corse, c’est tout aussitôt pour évoquer les parentés avec d’autres parlers de l’Italie du Sud cette fois mais aussi pour souligner le côté archaïsant du toscan de Corse. Ces deux aperçus ne sont pas faux, ils sont simplement montés en épingle pour géographiquement détacher la langue corse de l’Italie toscane (parenté calabraise et sicilienne), et lui donner des lettres de noblesse en insistant sur le côté « conservatoire » du toscan antique, en donnant une impression de renversement de la filiation, le corse langue fille « adoptive » du toscan tenant le rôle de mémoire de la famille toscane ou de référence latine.

 Donc, l’affaire est entendue : le corse est une langue romane du groupe italo-roman. Commence alors une entreprise de désinformation tout à fait typique de la part de certains corsistes. Les défenseurs de cette option ont réussi à mettre la main sur une étude présentée comme une caution scientifique, étude du Lexicon Romanistischen Linguistik parue en 1988. Dans cette étude, le corse est classé parmi quatorze langues romanes, à l'égal donc de l'italien et du français, par exemple. Aucune information n’est donnée sur ce Lexicon qui, évoqué tel quel, donne l’impression d’une caution « suprême », qui plus est d’origine allemande donc linguistiquement neutre, vis-à-vis du débat corse – italien. En réalité, loin d’être une norme internationale, il s’agit d’une étude déjà ancienne dans une revue de l’Université de Tübingen, volume IV, de MM. Holtus, Metzeltin et Schmitt.

 En outre, cette position est loin de faire l’unanimité. Ainsi Tapani Salminen, en 1999, a produit le rapport de la section européenne du Livre Rouge de l’Unesco sur les langues en voie d’extinction, où le corse est classé dans le groupe Italo-Roman, à parité avec le toscan et le sicilien, sachant que les langues du Nord de l’Italie sont classées comme gallo-roman avec le français (sic) et où français et wallon sont au même plan mais rien n’est dit du picard ou du gallo et le provençal se trouve « déclassé » par rapport au gascon, on se demande pourquoi ! Enfin, l’université de Cambridge (Faculty of Modern et Medieval Languages) tient le corse pour une variété de l’italien. Tout cela illustre l’absence de véritable méthode indiscutable de ces classements et la vanité même d’une telle démarche.

 Au fond que veut dire cette promotion d’un corse toscanisé qui serait une langue dont le substrat pré-toscan (voire pré-latin) mérite considération sachant que de toute manière la notion de substrat tient lieu de caution, tant il est vrai qu’une langue naît toujours d’un substrat modifié par un ou plusieurs adjuvants linguistiques successifs ? Invoquer un substrat latin, voire pré-latin c’est convoquer les dieux de l’Olympe à la taverne, pour transformer le vin toscan en ambroisie proto-corse alors même que 90 % du vocabulaire est toscan. Voilà une opération qui ne manque pas de charme mais qui revêt la même pertinence que prétendre que le français est du celte certes fortement influencé par le latin (à 83 %) mais certainement pas une langue latine !

 
L’enjeu politique du positionnement méditerranéen

 
On le sent bien, il faut détacher la Corse de l’Italie et tous les arguments sont bons y compris leur contraire. Ainsi d’aucuns fantasment sur les influences catalanes et aragonaises, mais d’autres de la même mouvance constatent la rupture d’un ensemble corso-sarde par l’influence catalano-aragonaise en Sardaigne. Pour compléter le tableau, certains corsistes insistent sur la proximité du corse avec le latin. Les conventions orthographiques reflètent ces stratégies de tiraillement du corse en travers de la Méditerranée, pour l’isoler et lui donner plus de poids et de caractère, croit-on.

 La graphie du corse a ainsi été fortement travaillée à partir de l’italien mais en y incluant des novations qui le rendent ardu à la lecture. Ainsi les sons [tj] et [dj] sont-ils rendus respectivement par les lettres trinitaires chj et ghj. De même un son inexistant en italien comme le [ʒ] est transcrit sg comme dans sgiò (prononcer comme « jo » en français). En outre, on observe depuis quelques années une contamination des parlers du Nord par des graphies venant du sartenais et marquant les apertures ([ɑ] au lieu de [e] comme dans a tarra au lieu de a terra, la terre) ce qui a pour effet d’éloigner encore un peu plus la graphie de la graphie italienne.

 Enfin, les néologismes savants proposés pour donner un équivalent corse à des termes français illustrant une réalité moderne, ont parfois été proposés en rupture voulue avec le modèle italien, ainsi de spechjafonu (télévision), colla è falla (ascenseur) ou portavoci (téléphone), néologismes qui n’ont bien évidemment pas eu de succès dans la pratique courante, comme on peut s’en douter. A l’inverse, les créations populaires s’éloignent également du modèle italien, le plus souvent par la corsisation de termes ou d’expressions idiomatiques françaises, ainsi creiò (crayon) au lieu de mina, buatta (boîte) au lieu de scatula ou colpu di telefonu pour telefonata ! Là le corse s’éloigne de l’italien mais à son corps défendant et non en vertu d’une corsité éloignée de toute référence.

 Mais on peut pousser le bouchon encore un petit peu plus loin, et éliminer toute graphie italianisante, avec sans doute plus que l’exemple du sarde, une fascination pour le catalan ou l’aragonais. Non content de marteler (comme tous) que le corse n'est pas un dialecte italien mais un dialecte roman, d’aucuns d’ajouter « qu’il est souvent plus proche d'autres langues romanes, du portugais, de l'espagnol, du monégasque, voire du catalan ou même du français que de l'italien classique. En outre le corse, d'une façon générale, est beaucoup plus proche du latin que cet italien classique lui-même » [2]

 

Les partisans d’une révision de la graphie arguent le plus souvent du caractère récent de la transcription du corse calquée sur les conventions italiennes de transcription. Certes, ce n’est pas faux mais cela revient surtout à dire que la transcription du corse est récente parce que l’écriture du corse est elle-même récente. Cette magnifique tautologie ne prouve nullement qu’il est plus légitime de transcrire autrement qu’en utilisant des conventions toscanes. A ce compte-là, et s’il s’agit de s’éloigner de l’italien, pourquoi prendre exemple sur le catalan, ou le latin (hodie pour oghje, par exemple), pourquoi ne pas se mettre à la recherche d’un substrat torréen à coup de k et de w !

 

Plaisanterie mise à part, par rejet de l’accusation d’italien patoisant que revêtirait la graphie qui fut finalement retenue, certains se sont échinés à éloigner encore plus vers l’ouest la langue corse de l’italienne. Voyons ce que cela donne, et voyez comment est traduite en corse, dans ses deux versions, la phrase « comme nous ne savions plus si nous étions encore aujourd’hui ou demain, le vieux coq que nous connaissions bien pour l’avoir souvent rencontré de jour, se mit à chanter ». Remarquez comment le corse reste très proche de l’italien quant à sa syntaxe et à son vocabulaire mais comment son orthographe est perturbante, et contournée tant dans sa version toscanisée (faite pour ça !) que dans sa version latinisée.

 

Texte italien

come non sapevamo più se fosse ancora oggi o già domani, il vecchio gallo, che conoscevamo bene per averlo spesso scontrato di giorno, si mise a cantare

Corse norme actuelle

cume no' un sapìamu più s'ella era (fussi) sempre oghje o digià dumane, u vecchiu** ghjallu chè no cunniscìamu bè per avellu spessu scontru di ghjornu, si messe à cantà

Norme détoscanisée

cume no' un sapìamu più s'ella era (fussi) sempre hoddie o digià dumane, u vettiu diallu chè no cunniscìamu bè per avellu spessu scontru di diornu, si messe à cantà

 Mais cela n’est rien à côté du raisonnement par analogie, très en vogue dans cette optique. Ainsi, dit-on sans rire que la forme non liquide de l’article défini en corse (u/a au lieu de il/la en toscan) le rapproche du… portugais et donc, tire en quelque sorte le corse à travers la méditerranée, le plus au large possible de la botte italienne. Un tel raisonnement appliqué au castillan rendrait celui-ci plus proche de l’italien que le corse puisque ses articles définis ressemblent fortement à ceux usités dans la Botte ! A noter que la langue qui joue solo encore une fois au sein des langues latines est le sarde qui lui use d’un article défini (su/sa) issu du latin ipse[um] / ipsa[am] (lui-même / elle-même) au lieu de ille[um] / illa[am] (celui-là / celle-là) partout ailleurs en corse comme en italien, en espagnol, en français ou en portugais.

 Le summum de ces doctes considérations qui ne peut que laisser pantois tout linguiste serein est atteint avec la chasse au substrat, ou pour mieux dire, la recherche de la race d’une langue. Or, toute langue se construit par superposition ou contamination d’une langue par une ou plusieurs autres. En Corse, le substrat pré-latin, a été recouvert d’un apport latin massif, tant lexical que syntaxique, et ce latin « corse » s’est lui-même transformé en un état dont nous n’avons pas trace écrite, et pour cause ! Enfin, le toscan a joué le même rôle que le latin en son temps. Ce toscan fut parlé par des montagnards corses avec les déformations de prononciation et parfois de sens ; il ne fut écrit que tardivement ce qui n’a guère contribué à redresser les dérivations dialectales, et l’isolement de l’île comme le départ des Pisans a laissé ce toscan figé en un état ancien de la langue. De tout cela, il est patent que le corse est beaucoup plus fils du toscan que du latin, quand sa filiation en regard du latin serait de même rang que celle du toscan, de la même manière que la part latine de la langue anglaise doit plus à l’anglo-normand qu’à l’influence latine directe.

 
Au-delà de l’avenir du Corse : la bataille des chiffres

 
Il semble qu’à l’image de ce qui s’est pratiqué pendant une bonne part du XXè siècle quant à la présentation par les Corses d’une image démographiquement flatteuse d’eux-mêmes, le discours corsiste propose ces deux images contradictoires de la santé de la langue : à la fois langue en danger et langue parmi les plus pratiquées et les plus vivaces, ce qui est pourtant loin de refléter la réalité, comparé à l’alsacien ou même au breton ou au basque dès lors qu’on mesure au plus près la population des véritables locuteurs. Le comptage des corsophones vrais vient donc alimenter la bataille de la langue, entre ceux qui sonnent l’alarme de la mort de la langue dont le jacobinisme français est responsable, et ceux qui gonflent les statistiques pour ne pas désespérer les rêves corsistes.

 Parmi les chantres du renouveau encore fragile de la langue, la méthode pratiquée est malhonnêtement simple : il suffit d’assimiler Corses d’origine résidant en Corse et corsophone. Moyennant quoi, tous de se livrer à un décompte « ethnique » en Corse pour évaluer la corsophonie, en avouant la plupart du temps ne rien pouvoir dire de la corsophonie des Corses du Continent. Ce genre de raccourci finit par pénétrer les esprits y compris sur le Continent, voire à l’étranger, dans les milieux universitaires, notamment. Pour illustrer ce propos, je laisse à la méditation de chacun cette phrase tirée de la fiche sur le corse de l’ouvrage langages de l’humanité [3] : « on évalue à environ 170 000 sur 240 000, les habitants de l’île qui sont d’origine corse et parlent donc [c’est moi qui souligne] le corse ». Les auteurs avancent également le chiffre de 260 000 Corses établis sur le continent (on ne connaîtra jamais l’origine de ce chiffre) qui s’ajoutent au chiffre précédent sans préciser s’ils sont ou non corsophones, au lecteur de compléter !

 Je ne résiste pas au plaisir de citer l’Université de Laval au Québec qui dans son site Internet, précise qu’au plan démographique, l’île compte une population de 250 000 habitants, […] Près de 60 % des insulaires sont d’origine corse, et parleraient théoriquement le corse. Plus prudemment que dans l’encyclopédie citée ci-dessus, il est aussitôt précisé que ce chiffre serait très au-dessus de la réalité.

 D’autres sources encore plus prudentes font la distinction entre locuteur (supposé maîtriser les quatre exigences linguistiques : lire, comprendre, parler, entendre), et d’autres niveaux de compréhension linguistique. Si l’on retient le critère du corse langue maternelle, les chiffres évoluent entre 10 000 locuteurs vrais et 25 000, selon des sources le plus souvent tout aussi invérifiables. Nicolas Giudici dans le Crépuscule des Corses, donne également certaines évaluations décrivant une chute brutale et dramatique de la pratique de la langue dans les deux décennies, de 70000 corsophones à 20 000 en 1990[4]. 

 L’enquête Famille de l’INSEE dans le cadre du recensement de 1999 a permis de mieux cerner les mouvements de transmission linguistique, en Corse comme ailleurs. Néanmoins, il convient d’apporter des correctifs dont on peut consulter les détails dans le cartouche [Approfondir " Combien de corsophones ?]. Tout d’abord le chiffre de 88000 individus qui, dans l’île, échangent en corse avec des proches doit être corrigé en fonction du taux de maîtrise de langue parlée. Si cette maîtrise est, à terme, celle des collégiens d’aujourd’hui (11%), on comprend vite que le corse risque de se retrouver confiné à la portion congrue soit quelque 10000 individus dans un délai rapproché (une génération à une génération et demie).  Dans l’immédiat, en combinant spontanément le taux de maîtrise des générations adulte (44%) avec celle des jeunes générations, la population corsophone se situerait en deçà de 50000 individus résidant dans l’île. Pour être plus précis, il faut prendre en compte les taux de transmission aval et amont de chaque génération, le résultat confirme cette impression pessimiste, avec, dès maintenant, un milieu corsophone réduit à moins de 20000 individus[5] ou au mieux en prenant en compte un seul mouvement intergénérationnel mais limité à une transmission de qualité (dite « habituelle » c’est-à-dire quotidienne et maîtrisée) 29000 individus. D’autres calculs permettre de tirer le chiffre jusqu’à 50000 mais ils ne rectifient pas l’impact de la surestimation des réponses quant au degré de maîtrise aussi je proposerais volontiers de s’en tenir définitivement à 29000 individus au mieux.

 
Conclusion : avec un Dante corse pas besoin de se fabriquer une mythologie linguistique

 
La conquête et la reconnaissance du corse comme langue, et éventuellement langue de culture, représente un défi identitaire et politique pour l'ancien idiome oral de l’île. Pris entre deux langues prestigieuses, il cherche sa voie dans un contexte ambigu de réalité encore vivante dans les générations âgées ou militantes et de disparition lente et honteuse dans les centres urbains mais aussi dans les villages de l’intérieur.

 Les tenants d’un corse patoisant du toscan se trouvent parmi les corsistes italianisants mais aussi chez les défenseurs du peuple français un et indivisible, tandis que la défense d’un corse autonome et accédant au statut de langue est clairement celle des corsistes « isolationnistes », et, en particulier au plan politique, des nationalistes. Paradoxalement, les « italianisants » considèrent que cette autonomie du corse par rapport au toscan est une arme mortelle pour le corse, maniée par les jacobins de la république française. Décidément les jacobins sont de tous les complots, un coup avec les italianisants, un coup avec les corsistes identitaires !

 Dans cette optique quelle est la bonne voie ? S’adosser à l’italien avec comme avantage l’appui d’une langue prestigieuse et comme inconvénient de faire de l’ombre au corse, alors même qu’on demandera aux Corses, dans la plupart des cas, d’apprendre l’italien, alors qu’ils sont… francophones ? Ou bien cibler l’apprentissage de la seule langue corse, avec pour avantage de hausser définitivement cette langue au rang de langue universitaire mais l’inconvénient de n’être justement qu’une langue d’universitaire. En effet, les efforts à l’école s’oublient vite dès lors que l’enfant devient collégien, lycéen puis étudiant à Nice, à Paris ou à Marseille.

 On aboutit ainsi à cette situation curieuse que le « pouvoir français » veut la mort du corse aussi bien par sa relégation au statut de patois, que par une autonomisation sans réel appui d’une langue prestigieuse comme l’italien. Bref, où que se porte le regard, le corse est perdu. En attendant, n’oublions pas que le statut de langue est surtout le signe de reconnaissance des locuteurs entre eux, et de ce point de vue, il n’est pas certain que la majorité des Corses souhaitent vraiment la pérennité du corse dont l’usage, pour plus des trois quarts d’entre eux qui ne le parlent pas, est signe d’exclusion de la communauté villageoise.

 Le statut de langue est aussi le signe de reconnaissance par les autres, et du jour où le corse aura son Dante ou son Cervantès, la question de savoir si la langue corse est fille du latin ou de l’italien n’aura plus lieu d’être : qui se soucie, aujourd’hui, de savoir que l’anglais vient d’une variante du frison ?

 Maintenant, si, comme tout le monde le sait, le débat sur la langue est fortement contaminé par le débat sur l’autonomie de l’île, je proposerais deux voies à explorer. Tout d’abord, pourquoi ne pas envisager celle des îles anglo-normandes, où la disparition effective du jerrais et du guernesiais au profit de l’anglais depuis la fin de la seconde guerre mondiale n’empêche nullement les habitants de ces îles de conserver un particularisme insulaire et des droits coutumiers. Je laisse à votre méditation, la seconde voie qui est celle de l’île de Malte, où coexistent l’anglais (qui a évincé l’italien) et le maltais.




[1] Pour rendre l’insistance de l’expression corse je proposerai la périphrase suivante : la langue qui est nôtre, en d’autres termes la langue fondatrice de l’être corse

[2] Albertini in Précis de grammaire corse, éd. CERC, 1972

[3] Les langages de l’humanité, une encyclopédie des 3000 langues parlées dans le monde, Michel Malherbe avec la collaboration de Serge Rosenberg, Laffont, 1993, page 750. A noter que les auteurs évoquent 3000 langues dont le corse mais pas le sarde ! Preuve de l’efficacité de la revendication corse alors même que le sarde est plus à même de revendiquer une identité propre vis-à-vis de l’italien.

[4] Page 45 de l’édition Grasset : « dans les années soixante-dix, on dénombrait encore quelques 70000 locuteurs disposant d’un vocabulaire suffisant pour exprimer dans l’idiome local l’ensemble des gestes et des sentiments quotidiens. En 1990, ils ne sont plus que 20000 à jouir d’une telle maîtrise »

[5] Pour toutes ces questions se reporter aux données de l’enquête famille de l’INSEE (1999) et de l’enquête du rectorat de  2003/2004, in Economie corse n° 105 et 111, ainsi qu’à "Approfondir /Combien de corsophones?"


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C’est une histoire de mythes et d’identité : la question corse qui fait souvent l’actualité
a tordu la mémoire des faits. Le tout grâce à la
réécriture de l’Histoire de l’île et à la mythologisation de la langue


Allons plus loin déshabillons le paon pour découvrir le poulet qui est dessous. La Corse fut-elle le phare des Lumières ? Y-a-t-il eu une Corse vraiment indépendante et que voulaient les Corses sous Paoli ?


La Corse s’est ralliée. A-t-elle combattu ? La Corse eut-elle un comportement si différent des autres provinces de la République française ? Le ralliement fut-il facile ? A-t-elle cru se découvrir un destin ?


La petite île a-t-elle voulu donner des gages ? S'est-elle imaginé un Empire par
procuration ? Lors de l'occup', fut-elle exemplaire ? A-t-elle des leçons à donner ?

Une fois l’Empire colonial effondré, que devient la petite île ? Veut-elle s’en retourner à son passé glorieux mais confisqué et veut-elle enfler ses mythes pour les vendre à l'encan ?


Les mythes se portent bien, ils se sont même diffusés partout. Faut-il en rester là et faire du chantage à la Dette ? Ou bien, au contraire, est-il possible que l'île envisage de sortir du mythe et arrive à affronter la réalité du monde moderne ?


Pour approfondir un peu...

Mystères de la démographie

Combien de corsophones ?

Cartographie des révoltes

La taxation des échanges

La question des pertes de la guerre de 14-18

Un sort différent fait aux Corses pendant la Der des Der ?

La question foncière

Quelques sources

La convention de Philadelphie | quelques données sur les îles | la question sarde | le tableau des expatriations nettes | la constitution de 1735 | alphabétisation des conscrits 1878 | mobilisables 1911/-1921 |

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pour les pressés !!

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