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HISTOIRES CORSES                                                                                                                                                                NE NOUS RACONTONS PAS D'HISTOIRES

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Bibliographie

Les mythes se portent bien, ils se sont même diffusés partout. Faut-il en rester là et faire du chantage à la Dette ? Ou bien, au contraire, est-il possible que l'île envisage de sortir du mythe et arrive à affronter la réalité du monde moderne ?


La contamination des mythes

 
Enfermé dans une dialectique de la dette, notre homo corsicus ne peut ou ne veut pas sortir de l’alternative du don contre le dû, le don de la Corse, ses sacrifices, son exploitation « coloniale » historique, élevé au rang de mythe fondateur de son devenir. En conséquence, de la même manière que les anciennes colonies, la Corse ne semble vouloir trouver son avenir qu’en scrutant le passé et en exigeant de la Métropole que celle-ci prenne en charge toutes les demandes présentées comme autant de justes revendications. C’est indéniablement une réussite idéologique à porter au crédit (sic) du mouvement nationaliste, lequel est arrivé en peu d’années à imposer sa façon de penser le problème corse aux pouvoirs publics, ainsi qu’à la société civile, voire même exercer un magistère subtil dans les représentations culturelles ou simplement courantes de la Corse.

 Il s’est agi d’une véritable stratégie de contamination qui s’est construite peu à peu à partir de discours réitérés et incantatoires. Ainsi en est-il de la « spécificité » corse, de la nécessité de défendre sa culture et son identité, de l’abandon de l’île, des responsabilité de l’Etat, toutes affirmations qui forment désormais la trame visible des discours publics sur la Corse. Le problème corse est ramené quasi exclusivement à sa spécificité et à l’inadaptation des réponses étatiques, par vocation, jacobines. Si la pente naturelle française est bien celle du jacobinisme, la caricature est acceptée sans précaution, or les réformes adoptées à partir de 1982 ont toutes pris en compte cette spécificité et ont toutes affirmé que c’est précisément la prise en compte de cette spécificité qui constitue un facteur incontournable de réussite. Cet aspect semble inaudible parce que le souvenir d’une réaction jacobine entretenue par les notables politiques corses ne s’estompe pas : les corsistes s’appliquent à minorer les avancées successives des propositions étatiques, surtout lorsque ces avancées veulent être rattachées à un mouvement plus large de décentralisation, ce qui aurait pour effet d’inscrire toute évolution institutionnelle affectant l’île dans un cadre qui bien que girondin n’en resterait pas moins français.

 
Valse des statuts sur un air de spécificité

 
Dès 1982 devant l’assemblée de Corse, Gaston Deferre, artisan du premier statut particulier, le présentait comme tenant compte des spécificités de la Corse dans le droit fil de la décentralisation en cours. Ce statut avait pour ambition d’affirmer l’identité culturelle et de permettre aux Corses de s’administrer librement. L’assemblée est élue au suffrage universel proportionnel intégral, dans une circonscription unique et possède déjà la capacité de proposer au Premier ministre des modifications du règlement ou de la loi dans un domaine certes limité (culture et développement local). Pour le reste, un droit d’avis et de suggestion est reconnu au Conseil exécutif de l’Assemblée. Dès adoption de cette loi, les nationalistes ont d’ailleurs fait connaître leur désir d’aller plus loin en fêtant l’avancée avec quelques pétards. Cette réforme avorte en raison du mode de scrutin qui rend l’Assemblée inopérante et en 1985, la Corse réintègre le droit commun électoral. Pas moins de trois statuts ou projets de statut vont suivre.

 Pour réformer le statut Deferre, Pierre Joxe va devoir régler la question de la stabilité des majorités à l’Assemblée. Pour un nombre de sièges réduits à cinquante et un, le scrutin proportionnel est corrigé pour permettre à la liste gagnante de dégager une majorité. Le nouveau statut bénéficie de l’expérience de la Polynésie et prévoit des compétences plus étendues, infrastructures routières, lycées et collèges, en sus du domaine culturel et du développement économique, ce qui a vertu d’obligation faite au Premier ministre de consulter la Collectivité territoriale "sur les projets de loi ou de décret comportant des dispositions spécifiques à la Corse". Néanmoins la notion de peuple corse est invalidée par le Conseil constitutionnel (Déc. 9 mai 1991). Ce qui reste remarquable est la reproduction presque mot à mot de la présentation du projet Defferre dans celui de Joxe. On y parle en effet à nouveau de « reconnaissance du caractère original des intérêts de la région Corse » et de son « identité culturelle et sociale ».

 Après l’assassinat du Préfet Erignac, l’épisode Bonnet, et une réponse spectaculaire des clandestins[1] au préalable de l’arrêt de la violence exigé par Lionel Jospin, premier ministre, une négociation associant tous les élus de l’île, sans exclusive, et donc comprenant les nationalistes est engagée fin 1999.  Le Processus de Matignon aboutit à l’adoption de la loi du 22 janvier 2002 qui intègre l'enseignement du corse dans l'enseignement primaire et élémentaire, prévoit d'importants transferts de compétence à l'Assemblée de Corse comme la fiscalité et le développement des infrastructures ; en revanche, le Conseil Constitutionnel censure tout partage même très encadré du pouvoir législatif. Il est patent que ce plan Jospin confirme la tentation de reconnaître politiquement le mouvement nationaliste, en espérant intégrer ce dernier  au jeu démocratique alors que ce qui est attendu par la mouvance nationaliste n’est pas cela mais bien de pouvoir jouer aux marges afin d’obtenir avantages et liberté de manœuvres dans des activités bien éloignées des proclamations habituelles. Rappelons que ce jeu aux marges est souvent un jeu aux marges de la légalité, et que, comme le notait la Commission d’enquête sur le fonctionnement des forces de sécurité, dans certains milieux nationalistes, les jeunes n'ont jamais vu leurs parents travailler[2], non parce qu’ils étaient au chômage mais parce que leurs revenus avaient peu à voir avec la notion de rémunération d’un travail.

 Il n’en reste pas moins que le projet Jospin s’il se situe dans la continuité des statuts antérieurs est le premier à être proposé en renonçant explicitement au préalable du respect de la légalité et du renoncement à la violence. En clair, la France accepte de s’adapter à la spécificité corse et l’on comprend dès lors l’hostilité des élus, corses ou non, opposés à tout renoncement de ce type. Cela étant les élus en question, dans l’île, au quotidien, n’hésitent pas à pratiquer le compromis historique en s’alliant avec des représentants du nationalisme, en souhaitant sans doute entraîner ces derniers dans un projet commun d’autonomie dans le cadre de la république. Mais là encore on ne prend pas la mesure du caractère marginal au sens premier de la mouvance nationaliste qui finit par laisser s’exprimer des groupes qui utilisent la violence pour contrôler une partie de l’économie locale.

 Et c’est là que le bât blesse, l’enjeu du « processus de Matignon » est moins d’augmenter l’autonomie de gestion d’une région (ce qui ne crispe que les jacobins invétérés, mais il y en a…) que de s’assurer de la capacité qu’aurait l’Etat à éviter que les nouvelles institutions servent de levier à des milieux affairistes manipulant le discours nationaliste. Dans ce cas, la revendication de la « spécificité », reviendrait à échanger de nouveaux notables contre les anciens en rééditant l’échange au XIXè siècle entre notabilité terrienne d’essence bonapartiste et notabilité républicaine de distribution des emplois mais, cette fois, avec une implication criminelle affirmée. L’échec de Lionel Jospin à l’élection présidentielle et le changement de majorité qui s’en suivit a relancé le débat sur la statut de l’île pour lequel le projet Sarkozy, au-delà de la suppression des deux départements, avait pour but de transférer les prérogatives départementales à une collectivité unique  qui aurait la personnalité morale, lèverait seule l'impôt et voterait le budget. Cela revenait à confier des leviers d’action beaucoup plus importants aux élus nationalistes, représentés à l’Assemblée en raison du mode de scrutin alors qu’ils sont absents dans les Conseils généraux. L’échec du référendum local a enterré ce projet qui, lui aussi insistait sur la nécessité de la reconnaissance de la spécificité.

 La fortune de la notion de spécificité est décidément exemplaire. Lionel Jospin n’en définissait-il pas les contours d’une façon péremptoire et dont le caractère fantaisiste, inachevé et pour tout dire simplificateur ne fut presque pas relevé. Ecoutons-le lorsqu’il en parle dans une tribune libre du Nouvel Observateur[3].

Ce qui ne veut pas dire évidemment qu'il soit possible, comme je l'entends bien légèrement prétendre ici ou là, d'assimiler à la situation singulière de la Corse celle d'autres régions françaises comme la Bretagne, l'Alsace ou encore le Pays basque.

[…] il sera largement reconnu que l'unité n'est pas forcément l'uniformité, que l'insularité et la spécificité corses peuvent justifier d'explorer de nouvelles voies permettant de conjuguer unité et diversité. Faut-il rappeler d'ailleurs que la plupart des îles importantes bénéficient, au sein de nos nations d'Europe, d'un statut d'autonomie bien plus marqué que les évolutions envisagées pour la Corse ?

 Tout y est. La Corse présente des caractères qui la distinguent des autres régions même celles à caractéristique culturelle ou linguistique forte. En conséquence, ce qui sera fait pour la Corse ne le sera pas pour les autres (ceci afin de rassurer ceux qui craignent un effet de domino) mais cela signifie aussi qu’on considère qu’il faut aller très loin en ce qui concerne la Corse, sous-entendue parce qu’elle est plus spécifique encore que d’autres régions ou qu’elle groupe plusieurs caractéristiques qui la distingue. Et, en effet, le premier ministre ajoute l’insularité à la spécificité. L’aunis-saintongeais n’étant ni véritablement pratiqué ni considéré comme une langue (pourquoi pas d’ailleurs, il est tout autant fils du latin que le corse), l’île d’Oléron ne peut exciper que de son insularité, et l’Alsace, pourtant linguistiquement plus éloignée et, qui plus est, pratiquant vraiment sa langue, ne peut cultiver qu’un peu de spécificité linguistique sans l’argument de l’insularité ; enfin l’on tiendra pour négligeable l’insularité linguistique du basque ! C’est donc le cumul qui justifierait le traitement particulier, d’autant que c’est le lot de beaucoup d’îles méditerranéennes. Mais que retirent-elles vraiment de plus que ce qui peut être envisagé pour la Corse ? Pas le niveau du revenu par tête, ni le taux de chômage ![4] Là encore, le premier ministre (ou ses conseillers) est victime du mirage sarde et de la stratégie de la contamination idéologique qui opère par affirmations jamais passées au crible de la critique.

 
La stratégie de la contamination

 
Parlons du syndrome sarde ou maltais. Sous cette expression il faut entendre à la fois les mirages économiques du développement des îles méditerranéennes qui échapperaient à la baléarisation, qui pourraient renouer avec leur passé tout en gardant le cap vers l’avenir des nouvelles technologies, par exemple. C’est le mariage du mythe de l’authenticité et du développement high tech. Dans cette optique l’on évoque tour à tour Monaco, Hong Kong (évitons Macao !), Singapour, donc des villes-Etat ne possédant pas d’arrière-pays productif, ou bien encore le développement exemplaire de Malte ou le sort de la Sardaigne dont beaucoup de caractéristiques rapprochent de la Corse mis à part la densité ou le développement. L’effet de contamination agit sans analyse sérieuse. Ainsi, les planificateurs régionaux reprennent cette approche sous d’autres vocables, en parlant de dynamique d’ouverture et d’innovation (nouvelles technologies, promotion des échanges avec l’extérieur, mise en place de pôles technologiques,…), tout en valorisant le potentiel de développement apporté par le patrimoine culturel et naturel de l’île[5]. C’est bien une communauté de vue qui émerge sur le pari d’une synthèse possible entre industries prestigieuses mais coûteuses en subventions et développement d’activités respectueuses des exigences du développement durable. Ce pari même bien habillé est un miroir aux alouettes  en l’absence d’une vision plus sectorielle des choses. Comparé au contrat de plan de 1985, celui de 2000 semble à cet égard, plus prudent. La contamination faiblit peut-être au sein de la technostructure, mais elle a de beaux jours dans les cercles de la communication politique, sociale et culturelle.

 Le mythe sarde c’est aussi la réputation qui est faite aux îles non indépendantes de la méditerranée, et au premier chef la Sardaigne, d’avoir un statut d’autonomie très fort sans remettre en cause l’unité des nations mères. Outre qu’il est cocasse d’entendre des indépendantistes jurer leurs grands dieux que l’autonomie est compatible avec le maintien des liens de dépendance, c’est prêter beaucoup plus que ce qui est.  Certes le statut sarde permet ce que le projet Jospin ou le projet Sarkozy promettait, mais les prérogatives de l’Etat central reste néanmoins très fortes.

 Autre moyen de contamination, l’impact de l’internet. Et ce de deux façons. Les nationalistes existent surtout sur la Toile, leurs sites relaient des analyses, des chiffres qui sont référencés lorsqu’ils sont vrais et qui deviennent autant d’affirmations péremptoires sans mention de sources dès lors qu’ils sont purement fantasmatiques. Ainsi, il est souvent difficile de séparer le grain de l’ivraie. La quantité proprement phénoménale d’informations décourage le lecteur attentif et éblouit le lecteur pressé. Ainsi, rien ne vient remettre en cause les différents mythes qui y sont exposés, d’autant que certains détails sont vrais. Oui, il est vrai que des Corses sont rentrées dans l’île avec des épouses légitimes indigènes mais s’agit-il d’une caractéristique de l’ethnie corse que d’être ainsi un truchement entre le colonialiste français et le colonisé ? Le même glissement entre anecdote et principe général s’observe dans tous les domaines. De la même façon, l’interprétation des faits, purement idéologique, ne fait jamais référence à des travaux circonstanciés et reconnus ; les auteurs des sites se citent les uns les autres, se recopient, un peu à la manière de la stratégie des sites négationnistes où il s’agit bien de construire mythes sur mythes. La seconde manière de contaminer est l’usage des forums, où l’on cherche à faire sortir du cercle magique des mythomanes des affirmations tendancieuses à destination de l’extérieur, à savoir les internautes non corsistes égarés sur ces forums. Un internaute ébranlé par des références apparemment documentées (on a vu plus haut qu’il n’en était rien) se transmue alors, à son corps défendant, en un vecteur de contamination très prisé, fort au-delà du corsisme. Les forums agissent aussi en direction des militants de base dont ils dopent la conviction. On ne dénoncera jamais assez l’impact incontrôlé et délétère de ces forums sur les jeunes corses que l’on conforte dans la mise en cause d’un pouvoir étatique responsable de tout et de son contraire, y compris d’une marginalisation pourtant cultivée et pensionnée et que l’on enferme dans le déni des réalités. Pourquoi s’étonner lorsque certains jeunes Corses, parfois très jeunes, ayant ainsi intériorisé une oppression largement mythique et fantasmatique soient tentés d’accomplir des actes dangereux pour eux-mêmes ?[6]

 Les relais d’opinion sont une voie très prisée par les chantres autoproclamés de la spécificité ou du corsisme, notamment les hommes politiques qui développent une vision mal documentée du problème corse[7]. La contamination est réussie lorsqu’un homme politique de premier plan (un ancien premier ministre, par exemple) développe un argumentaire confortant les thèses nationalistes. C’est arrivé avec Michel Rocard qui, dans une tribune libre du Monde en date du 31 août 2000 s’est fendu d’un texte au titre évocateur [ Corse : Jacobins, ne tuez pas la paix ! ] et qui reprenait une grande partie des thèses corsistes. Bien évidemment, ce texte est l’un des plus en vue sur la Toile nationaliste et même au-delà de ses frontières[8]. Ce texte est dangereux car il donne une caution à des thèses dont on a vu qu’elles sont éminemment discutables. Non seulement cela conforte les Corses, et en particulier la nouvelle génération, dans une perception mythifiée du passé qui dispense de toute réflexion sur l’avenir[9] mais les décideurs (et les négociateurs) eux-mêmes s’y laissent prendre, notamment à l’occasion du processus de Matignon que ce texte est censé appuyer.

 Michel Rocard présente la question corse comme le produit d’un rejet par la France. Et d’ajouter que le processus en cours (celui de Matignon) vise à tarir le recrutement d’une délinquance du désespoir. Bizarrement, il affirme également que les mafieux, «  pour maintenir leur ligne de violence démente, sont de plus en plus obligés de se couper des troncs principaux du nationalisme corse », niant ainsi toute imbrication entre le nationalisme et les dérives vers le grand banditisme, à rebours de tout ce qui peut être observé. On ne voit pas en quoi le recrutement des jeunes générations par des groupes de plus en plus violents devrait s’arrêter si les promoteurs de cette violence mafieuse sont tenus pour être de plus en plus distincts de la mouvance clandestine et, par conséquent, sont inaccessibles à un accord quel qu’il soit.

 

Dans la suite du texte, il énumère  ce qu’il tient pour des mensonges (« je n'ai pas une goutte de sang corse mais je n'aime pas que l'on me raconte des histoires, fût-ce au nom de mon pays »), ou l’oubli du passé dommageable à la réconciliation puisque « il y a une révolte corse. On ne peut espérer la traiter sans la comprendre ». En d’autres termes, cet article martèle les mythes en ayant en arrière plan la notion de colonialisme intérieur. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que Michel Rocard ait été, à son corps défendant, sensible à cette notion puisque lui-même l’avait développée dès 1966, en faisant la fortune d’une formule qui, dans l’environnement des événement de mai 68, fut alors interprétée selon un modèle centre/périphérie inspiré de la description néo-marxiste du tiers-monde[10]. Que dit Michel Rocard dans cet article du Monde ?

 

Tout d’abord il rappelle que la Corse fut achetée mais oublie de préciser qu’il s’agissait d’une pratique habituelle des Monarchies. Il précise qu’il fallut une guerre, mais nous avons vu que cela ne souligne aucune spécificité corse, demandez aux Francs-Comtois ! il y affirme que la France y perdit plus d’hommes que pendant la guerre d’Algérie, n’y revenons pas, nous en avons mesuré le caractère douteux dans un précédent chapitre. Enfin, pour faire bonne mesure, il nous dit que la Corse est restée « Gouvernement militaire jusque tard dans le XIXè siècle avec tout ce que cela implique en termes de légalité républicaine ». Outre l’ambiguïté savamment entretenue sur la notion de gouvernement militaire (circonscriptions militaires), on ignore que la Corse fut l’objet d’une départementalisation immédiate, où seule la mise en place d’un Administrateur général superposé aux Préfets pendant le Premier Empire fait exception, la réunion des deux départements du Golo et du Liamone étant chose acquise dès 1811. Le tout est habilement (ou par ignorance, on ne sait) mêlé aux opérations d’ordre public confiées aux voltigeurs (corps de supplétifs corses) et aux gendarmes dans la lutte contre le banditisme[11].

 

Plus loin, bien sûr, Michel Rocard prend la carte forcée du mythe du sacrifice et du colonialisme intérieur illustré par la guerre de 1914-1918, dont on a vu ce qu’il fallait en penser. S’en suit une erreur fréquente d’interprétation reliant la désertification des villages à l’absence d’hommes valides, alors que l’émigration hors de Corse précède nettement le conflit et que la cassure de la courbe des naissances date de la fin du Second Empire. Comme on l’a vu, l’entrée dans l’administration est antérieure au XXè siècle et la référence aux douanes qu’évoque Michel Rocard étonne lorsqu’on oublie l’Armée et la gendarmerie, quant à la référence aux PTT on se demande s’il ne confond pas la Corse avec le Sud-Ouest. Bien évidemment, l’économie assistée de la Corse est mise au débit de l’Etat qui, horresco referens, a permis aux Corses d’avoir des emplois de substitution à la déprise agricole et des responsabilités parfois dominantes dans l’appareil d’Etat. Ce raisonnement participe de cette schizophrénie insulaire consistant à refuser mentalement les conséquences de l’entrée de la Corse dans un ensemble économique plus vaste mais en gardant jalousement présent à l’esprit la conscience d’un droit aux avantages de cette évolution économique et sociale, le droit aux prébendes. Enfin, et contrairement à ce que Michel Rocard affirme, les plaisanteries ou le reproche parfois hargneux fait à la paresse corse ne date pas du conflit de la guerre de 14 et son supposé impact sur l’abandon des terres. Dire qu’on n’en trouve pas trace avant est purement fantaisiste. Il n’est pas besoin de rechercher très loin : dans l’un des nombreux sites corsistes qui mettent en ligne l’article de Michel Rocard, on y trouve sur la page consacré au racisme anti-corse les démentis les plus clairs dans les quelques citations proposées, toutes antérieures au premier conflit mondial[12].

 

Bien entendu la question foncière est évoquée bien que de façon elliptique en accusant les métropolitains non corses (mais aussi corses, bizarrement puisque le droit successoral ne pouvait en aucune manière les exclure) de s’être approprié injustement les terres ancestrales. C'est aussi la raison principale pour laquelle beaucoup d'agriculteurs corses traditionnels n'ont pas de titres de propriété leur permettant d'obtenir du crédit.

 

Sur la question de la tuerie[13] d’Aleria (je reprend l’expression utilisée par Michel Rocard), l’ancien premier ministre affirme « qu’elle a donné le signal du recours à la violence, parce que tous les Corses, je crois sans exception, ont très bien compris que jamais une riposte pareille à une occupation de ferme n'aurait pu avoir lieu dans l'Hexagone ». Voilà une affirmation purement gratuite, où il adopte le discours justificateur de la violence. En réalité, si une telle démonstration de force fut un gâchis et une bourde sanglante, ce que personne ne nie, elle ne constitue nullement un traitement particulier, réservé aux Corses. Rappelons que la crise de la mévente viticole atteint son période en 1907. Cette année-là, la forte productivité des ceps américains aggravée par l’utilisation abusive de la chaptalisation (déjà !) provoque une chute des prix. Les manifestations qui se développent investissent les villes pour protester contre la fraude à la chaptalisation. Le mouvement se politise et culmine à Montpellier (600 000 manifestants). A compter du 10 juin, presque toutes les municipalités des départements touchés démissionnent. Clemenceau fustige alors les discours à connotations autonomistes des meneurs et fait donner la troupe, c’est-à-dire l’armée. Bilan : 6 morts parmi les manifestants. Rappelons qu’à Aleria puis à Bastia, les morts furent déplorés dans les rangs des forces de l’ordre. Où est la spécificité ?

 

Les péchés de la Somivac sont également évoqués avec le rachat par cette société d’économie mixte de lots à viabiliser. Le rachat touchait des terres disponibles, le plus souvent en déshérence, pour les remembrer, les doter de voies et chemins, et de les irriguer. Les 400 premiers lots devaient être revendus à des paysans corses ; ceux-ci manifestant un intérêt limité et le retour des Pieds-Noirs étant inévitable, le Gouvernement en réserva la quasi-totalité à ces derniers. Mais comment se manifeste la mobilisation des paysans corses ? Elle ne se manifeste pas ; ceux-ci attendent de constater que l’affaire était intéressante pour commencer à s’y porter candidats[14]. Entre temps, les grands propriétaires corses ont vendu, à bon prix (le prix de l’hectare est passé en quelques mois de 800 F à 1200 F en plaine orientale), aux acheteurs pieds-noirs, trop contents de se débarrasser de terres depuis longtemps gelées par les contrats traditionnels de pacage. Dans la plaine d’Aléria, les petits propriétaires vendent eux aussi des lots inexploitables parce qu’ils sont morcelées ou en indivision.

 

Pour terminer le long exposé des injustices (coloniales ?) faites à la Corse, quoi de plus parlant que de dénoncer l’échange inégal qui se présente comme une réédition des mesures douanières de 1818, alors qu’elles ne furent que maladresse, absence de courage, concussion ? Il n’empêche l’impression reste sans autre preuve que l’affirmation.

 

Pour terminer la longue revue des errements de la France, Michel Rocard met en exergue la politique maritime que l’Etat a mené en imposant «  un monopole de pavillon maritime […] avec les conséquences asphyxiantes que l'on devine ». Bien sûr il n’est rien dit de ces conséquences asphyxiantes et pourtant que de choses erronées ou approximatives sont véhiculées sur le sujet[15].

 

Sans doute, l’ancien premier ministre prend-il la peine de nier que cela constitue la marque du colonialisme mais en indiquant que « le débat sémantique est sans intérêt, car il est sans conclusion », ce qui est contradictoire, car si l’on considère qu’il n’y a pas de trace de colonialisme, c’est qu’on apporte bien une conclusion au débat sémantique ou bien, au contraire, si on tient vraiment pour impossible de conclure le débat sémantique c’est que l’on reconnaît que le doute subsiste quant à la nature colonial du lien entre le Corse et la France. A moins que le message réel soit de laisser entendre que ce colonialisme-là ne peut se dire. Pourtant Michel Rocard insiste à nouveau sur  « l'imbrication profonde de la population corse dans la population française » et son histoire. Tout cela pour faire accroire la notion d’oppression particulière dont on a vu pourtant qu’elle fut subie par de nombreuses autres provinces.

 

Que retenir de ce texte, si ce n’est la manifestation de la contamination soit indirecte (lecture de certains journaux complaisants, de livres corsistes qui semblent illustrer ce colonialisme intérieur que Michel Rocard dénonçait en son temps) soit directe par l’influence de conseillers qui ne fournissent aucune information sur leurs sources, mais dont le discours décapant est tentant. Cela étant, il ne faut pas oublier que ce texte est un texte de circonstance ; il visait à appuyer la démarche des accords de Matignon. Il lui fallait bien donner une justification à des négociations entreprises avec des élus dont certains ne rejettent pas, voire justifient le recours à la violence. Pour justifier l’abandon du préalable de l’arrêt de la violence, il faut bien affirmer qu’il y avait matière à violence, qu’il y avait donc oppression, et que l’Etat doit faire amende honorable. Cet article était bien sûr un texte de circonstance mais l’ennui est que cet aspect est occulté, le temps passant, et c’est sans recul qu’il est désormais reçu à longueur de sites nationalistes sur l’internet, très goûté dans l’île.

 
Les palinodies de Matignon et leurs suites

 

A l’issue du processus de Matignon, le texte du Gouvernement  remis aux élus corses le 20 juillet 2000 a fait l’objet d’une publication destinée au grand public par le journal Le Monde dans son édition du 6 et 7 août. Le chapeau introductif du quotidien reprend la thématique habituelle de la spécificité alliée à l’insularité, c’est désormais une vérité qui ne se discute plus. Dès le début du texte gouvernemental, la territorialisation de l’île est à l’ordre du jour avec la suppression des départements et l’érection de l’île en collectivité unique. Les uns interprètent ce texte dans le sens d’un approfondissement de la décentralisation, mais c’est surtout le transfert de compétences particulières relatives à l’adaptation des normes qui irrite les autres. Il faut être juste, il ne s’agit nullement d’un pouvoir législatif intégral, en réalité il se réduit à un pouvoir de dérogation à certaines dispositions de la loi sous la réserve de l’approbation du Parlement. Le pouvoir d’initiative est réservé au domaine réglementaire qui peut faire l’objet de dispositions adoptées par délibération de l’Assemblée de Corse. Le débat s’est focalisé sur l’autonomie législative et réglementaire ainsi octroyée mais qui, pourtant, ne va pas plus loin que ce qui est pratiqué ailleurs, hors de France.

 

En fait, c’est, sous-jacent, la notion de Peuple corse qui fait problème plus que l’autonomie de décision elle-même, voyez le débat sur l’enseignement de la langue corse. Il est vrai qu’à cette occasion, apparaît la notion d’obligation facultative, l’enseignement de la langue corse prenant place dans l’horaire scolaire sauf volonté contraire des parents, droit qu’on imagine devoir être peu souvent exercé. Sans doute on pourrait craindre que l’autonomie de décision fût dévoyée compte tenu des pratiques déjà peu claires de la société insulaire, mais l’essentiel est ailleurs. Ce qui est en cause est que chacun des négociateurs n’attend pas la même chose de cet accord. Chaque partie en attend des avantages inconciliables, des avantages qui s’excluent les uns des autres. Ce qui est attendu de cette réforme est pour les uns une facilité de gestion, et pour les autres un pas de plus vers le large. La comparaison avec les autres îles de la méditerranée qui bénéficient de statuts particuliers ne vaut pas car la relation à l’ensemble national n’est pas remis en cause, le séparatisme n’y a pas droit de cité : la Crète a lutté pour son rattachement à la Grèce, les Baléares s’inscrivent dans un ensemble déjà très ouvert à l’autonomie de ses parties, la Sardaigne ne connaît pas de tension séparatiste forte, la Sicile qui en a connu bénéficie d’un régime qui semble la satisfaire.

 L’absence de vraie réflexion sur la notion de spécificité devait amener d’autres déconvenues. N’oublions pas que la démarche fut reprise par Nicolas Sarkozy, avec l’échec que l’on sait au référendum sur l’évolution institutionnelle de la Corse le 6 juillet 2003. Mais la tactique de la contamination par affirmations répétitives sur la spécificité ne s’arrête pas à la sphère politique et au débat constitutionnel. On peut noter sans trop tendre l’oreille que la spécificité entre dans les mentalités parce qu’elle répond à un à priori continental ancré dans l’inconscient collectif, celui de la spécificité des régions à substrat culturel aux marges de la francité, comme le pays basque, la Bretagne bretonnante, l’Alsace et bien sûr la Corse, quand bien même cette spécificité n’est pas reçue comme expression de peuples opprimés mais comme partie typée de la communauté nationale.

 
Un long dimanche de fiançailles, un exemple de contamination de la société civile

 
Pour prendre un exemple marquant de cette perception, il nous faut revenir sur un scandale corso-corse, celui de la scène où Ange Bassignano, l’un des cinq sacrifiés pour l’exemple du film « un long dimanche de fiançailles », pour sauver sa peau, clame à l’adresse des lignes allemandes qu’il n’est pas Français. Cet épisode a été vécu comme une insulte puisqu’il met en exergue la manifestation d’une lâcheté (bien compréhensible, au demeurant) mais qui a été reçue comme un camouflet jeté à la face des combattants corses dont le sacrifice est honoré comme pacte de sang pour les uns et dette de sang pour les autres. Pourtant, ce qui s’y lit est plus subtil et plus significatif : le réalisateur du film fait sienne, au fond, l’idée que les Corses ne sont pas Français, puisqu’il apparaît naturel qu’un soldat corse puisse avoir un tel cri, qu’on n’imagine pas venant d’un soldat d’une autre région. Le scandale est, en réalité, bien là, d’autant que cette scène est écrite tout à fait différemment dans le roman qui a inspiré le film. Le roman éponyme de Sébastien Japrisot, anagramme de Jean-Baptiste Rossi (je vous laisse deviner l’origine), décrit non un soldat corse mais un soldat de parents italiens. Le cri de dénégation y est, par conséquent, beaucoup plus naturel. Comment accepter de mourir pour une patrie qui vous condamne pour lâcheté devant l’ennemi et vous balance entre les premières lignes, alors que l’on n’est Français que depuis si peu de temps, le temps que le droit du sol fasse de vous de la chair à canon ? Eh bien, pas même cela dans le roman où le personnage n’a qu’un cri assez neutre sous ce rapport : « je me rends ! »[16]. Ce contexte très particulier, très clair dans le roman, reste totalement occulté tandis qu' une autre interprétation est proposée en changeant l’origine du personnage, pour en faire, en pleine guerre de 14, où les Corses ont fait assaut de volontariat, comme une anticipation du séparatisme.

 
Affirmations gratuites et contamination comme symptôme de l’absence de projet

 
Ce à quoi on assiste depuis plusieurs années est une litanie séparatiste sans vrai projet. Le discours tiers-mondiste des années soixante-dix tient lieu de refrain et les nationalistes se sont ainsi réfugiés dans une pensée qui s’élève contre la légitimité du don des talents et des hommes que l’île a consenti par force d’abord, par tromperie ensuite, par fascination aussi, par habitude enfin. Cette diffusion d’une idéologie du don et du dû tourne sur elle-même, en ânonnant la chanson de la dette. Bien sûr, le dû (à la Corse par sa marâtre patrie) peut, dans un premier temps, se révéler payant en ces temps de devoir de mémoire. Suffit-il alors d’inventer une mémoire, d’inventer un passé pour investir un avenir ? 

 Pas si simple….




[1] Attentats contre les immeubles de l'URSSAF et de la DDE à Ajaccio, en 1999.

[2] Commission d’enquête sur le fonctionnement des forces de sécurité, novembre 1999, rapporteur Christophe Caresche

[3] Le Nouvel Observateur, n°1867 (semaine du 17 au 23 août 2000).

[5] Contrat de plan Etat-région 2000-2006 signé le 29 février, 2000 (à noter que le montant dévolu à ce contrat toutes dépenses confondues représente 2000 € par habitant contre 800 € pour l’Alsace, région de superficie identique et comprenant elle aussi deux départements)

[6] Oui, les discours tuent !

[7] Même des interventions fort policées se voulant éclairer des instances respectables comme les Conseils économiques et sociaux régionaux, reprennent sans inventaires des thèses dont on vient de montrer le caractère approximatif voire purement et simplement erroné, venant des meilleures feuilles corsistes (voir à ce propos, l’intervention de Raymond Ceccaldi, le 16 novembre 2000 devant l'Assemblée des CES Régionaux de France)

[8] Il a manifestement largement inspiré l’article Storia di Corsica sur le site italien de l’encyclopédie en ligne Wikipedia, laquelle est largement consultée.

[9] Notons l’existence d’un rapport de synthèse des contributions et débats au sein la Commission des affaires européennes de l’Assemblée de Corse qui était présenté avec un sous-titre explicite « Environnement et identité au cœur du développement », en juillet 2000, mais qui n’explore pas réellement les conditions économiques de l’indépendance, seulement l’insertion « vague » d’un projet corse dans un ensemble de régions européennes. Le FLNC quant à lui avait attendu une quinzaine d’années pour se fendre d’un texte abordant quelque peu la notion de projet de société (second cahier sur la théorie des doubles pouvoirs, 1991) si l’on veut bien compter pour rien le « petit livre vert », fantasmagorie mao, suivi, en 1989, du « primu quadernu » qui développait une analyse de type autogestionnaire.

[10] Si le centre développé exploite le tiers-monde périphérique, le même rapport de domination existe dans chacun des pays ayant développé un Centre excessivement dominant. Mais c’est un raisonnement qui ignore le modèle interne des nations  qui fonctionne sur la base de liens historiquement solidaires (le sentiment d’appartenance à un groupe ayant une destinée commune). Michel Rocard lance en 1966, lors des Rencontres de Grenoble, le slogan « Décoloniser la province », avec en arrière fonds une référence historique allant de l’Ancien Régime à la fin de la Troisième République, périodes pendant lesquelles Paris a monopolisé par l’impôt, les infrastructures et les réseaux bancaires les « forces vives » de la Province.

[11] Les homicides et tentatives d’assassinat connaissent une intensité soutenue durant tout le XIXè siècle, entre 100 et 150 actes par an et trois pointes en 1822 (190), 1834 (205) et 1848 (230) sans compter les autres formes de violences. Considérer que confier l’ordre public aux gendarmes revient à militariser l’autorité de l’Etat en Corse et  le tout présenté comme étant dans la continuité de la Ghjustizia morandina, constitue une véritable escroquerie intellectuelle.

[12] « L'Arabe au pied du palmier, le corse au pied du châtaignier / La châtaigneraie corse est la belle fainéantise de ses paysans »  Jean Lorrain, Heures de corses-1905

« Les guerres ont laissé dans le coeur des habitants de vieilles querelles à vider et le dégoût du travail. Comme chez tous les peuples ignorants, l'ennui, la paresse et la vanité entravent l'industrie. » Joly Delavaulignon, Voyages pittoresques en Corse-1821
« Leur esprit est naturellement léger. La paresse est un de leurs vices ordinaires » Jaussin, Mémoires historiques- 1758

[13] Terme ambigu qui, généralement utilisé pour désigner les répressions massives faisant des morts parmi les manifestants, laisse croire que ce fut le cas à Aleria. Ce qui est faux. Ce sont les gendarmes mobiles qui payèrent le tribut.

[14] Voir Janine Renucci, Corse traditionnelle, Corse nouvelle, Audin, 1974. Rappelons pour faire bonne mesure que la SOMIVAC a largement contribué à l’équipement de la Corse, pour preuve le financement à hauteur de 50 % de la construction du barrage hydraulique de Calacuccia sur la commune de Corscia, mis en eau en 1968, et qui constitue le château d’eau de la Haute Corse.

[15] Corsica ferries présente des tarifs fort avantageux. Mais les tarifs d’appel (le fameux 5 €) ne peuvent être obtenus que quelques jours dans l’année, deux jours dans la forte saison. En outre, les commentateurs oublient de comparer ce qui est comparable, à savoir rajouter au tarif, pour un départ de Nice, par exemple, les frais de transport de Marseille à Nice. Dans un certain nombre de cas, le tarif SNCM est du même ordre. Quant à l’endettement, celui de Corsica Ferries n’est pas évaluable, puisque une partie des immobilisations est inscrite dans les comptes de la holding suisse qui ne sont pas publics. Sans doute la SNCM a-t-elle des frais de personnel trop élevé pour les raisons que l’on sait, mais les gains opérés par Corsica ferries sur ce poste ne profitent que très partiellement au client.

[16] Edition Denoël, 1991, page 257.


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C’est une histoire de mythes et d’identité : la question corse qui fait souvent l’actualité
a tordu la mémoire des faits. Le tout grâce à la
réécriture de l’Histoire de l’île et à la mythologisation de la langue


Allons plus loin déshabillons le paon pour découvrir le poulet qui est dessous. La Corse fut-elle le phare des Lumières ? Y-a-t-il eu une Corse vraiment indépendante et que voulaient les Corses sous Paoli ?


La Corse s’est ralliée. A-t-elle combattu ? La Corse eut-elle un comportement si différent des autres provinces de la République française ? Le ralliement fut-il facile ? A-t-elle cru se découvrir un destin ?


La petite île a-t-elle voulu donner des gages ? S'est-elle imaginé un Empire par
procuration ? Lors de l'occup', fut-elle exemplaire ? A-t-elle des leçons à donner ?

Une fois l’Empire colonial effondré, que devient la petite île ? Veut-elle s’en retourner à son passé glorieux mais confisqué et veut-elle enfler ses mythes pour les vendre à l'encan ?


Les mythes se portent bien, ils se sont même diffusés partout. Faut-il en rester là et faire du chantage à la Dette ? Ou bien, au contraire, est-il possible que l'île envisage de sortir du mythe et arrive à affronter la réalité du monde moderne ?


Pour approfondir un peu...

Mystères de la démographie

Combien de corsophones ?

Cartographie des révoltes

La taxation des échanges

La question des pertes de la guerre de 14-18

Un sort différent fait aux Corses pendant la Der des Der ?

La question foncière

Quelques sources

La convention de Philadelphie | quelques données sur les îles | la question sarde | le tableau des expatriations nettes | la constitution de 1735 | alphabétisation des conscrits 1878 | mobilisables 1911/-1921 |

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