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Une
fois l’Empire colonial effondré, que
devient la petite île ? Veut-elle s’en retourner
à son passé glorieux
mais confisqué et veut-elle enfler ses mythes pour les
vendre à l'encan ?
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La vieille tentation du repli
identitaire
Pendant
tout le XIXè siècle,
la Corse se remet progressivement de l’annexion. On ne peut
pas interpréter les
réactions locales – piévanes
– d’insoumission comme des départs de
révolte
alors que ses élites se sont ralliées en
quasi-totalité et que de nombreux
Corses vont chercher et trouver fortune dans les carrières
sur le Continent ou
dans les Colonies. La violence qu’on observe est une violence
paysanne, une
violence de banditisme de grand chemin au service d’une
économie parallèle
balbutiante. Mais les bandits rançonnent et ne
protègent pas contre
l’oligarchie foncière ; ils ne se mettent
pas, non plus, au service de
cette dernière. La situation n’est donc pas
comparable à la Sicile, d’autant
qu’il n’y a pas de grands domaines en Corse.
Cependant,
pendant cette
période et jusque dans les premières
décennies du siècle suivant, la violence
vendettaire reste le trait dominant de la violence villageoise. Lorsque
l’on
dresse une cartographie des zones affectées par la vendetta
ainsi que les zones
de pur banditisme, on note que les régions du nord-ouest
(Calvi, le cap),
régions traditionnellement légitimistes et
reconnaissant peu ou prou l’autorité
génoise ou de la France, sont peu touchées. Il en
est de même pour la Balagne
non calvaise qui fut, en partie, un fief paoliste, et donc sensible
à la
construction d’une esquisse d’autorité
étatique. A l’opposé, la Castagniccia,
le Cortenais et le Fium’Orbo, toutes terres de
révolte, sont fortement touchés
par cette violence vendettaire. Enfin, les principaux repaires de
bandits sont
situés dans la forêt d’Aïtone
ou dans la Restonica. Il serait, pourtant,
hasardeux de relier systématiquement ce type de violence aux
révoltes
passées : ainsi, le Delà est nettement
infesté et plus encore que le Deçà,
alors même qu’on aurait pu s’attendre
à un comportement comparable à celui
prévalant dans le Nord-ouest de l’île.
En réalité, si l’essentiel du
vendettisme est sudiste, en revanche, le banditisme au sens strict
remonte
au-delà du Cortenais. Les motifs des vendettas restent
familiaux et souvent
liés au point d’honneur et à la
protection de la vertu féminine,
ou bien plus classiquement autour
d’intérêts économiques ou de
rivalités de
pouvoir qui dépassent rarement les limites des
pièves. En revanche, le
banditisme peut se diffuser sur une aire plus vaste, est plus mobile et
se
complique d’actes de quasi razzia lors des transhumances.
Laissée
à elle-même, la vie
villageoise n’a toujours pas permis aux Corses
d’atteindre une conscience de soi
comme partie d’une communauté plus large,
à fortiori d’une nation. Quant à ceux
qui échappent à la finitude de la
vallée, c’est pour faire carrière sur
le
Continent ou aux Colonies, et y trouver statut,
considération et revenus. En
bref, on n’y trouve nulle part un motif économique
ou politique pour se
révolter contre l’Etat ou pour se
découvrir une identité nationale face
à l’occupant
français. L’émergence d’un
tel courant finira par se produire néanmoins à
travers le prisme culturel et la
revendication identitaire et, souvent, par l’action de Corses
partis de l’île,
ce qui, au regard de ce que nous venons de dire, n’est que
trop normal.
Le long sommeil de la nation corse
et la culture
villageoise
La
Restauration fut le début
de la « paix
française » mais cette paix ne signifie
nullement
intégration ; parler, en revanche, de
résignation dans le sens d’une
soumission pétrie de remords ou de regrets est une
construction après coup. On
l’a vu, la population corse a d’autres soucis, des
soucis de tous les jours, de
survie. Bientôt l’Etat va ouvrir largement, voire
même recruter, racoler vont
dire certains, dans l’administration et
l’armée, offrant ainsi à une population
pauvre d’une île aux ressources limitées
des emplois et la garantie de nourrir la famille entière.
Donc,
point de Nationaux et
point de Révolte après la chute de
l’Empire napoléonien, la guerre du
Fium’Orbo
s’assimilant plus à un baroud d’honneur
des troupes de Murat réfugié en Corse.
Les Corses n’ont pas profité de cette
période troublée pour rompre, d’autant
que la chute de l’Aigle fut suivie d’un
retournement de l’opinion corse à son
égard, celle-ci s’identifiant au héros
tombé d’une île oubliée. En
revanche, le
banditisme, corollaire de la vendetta dont il est souvent le
prolongement obligé
(il faut bien vivre !) ne défie pas
l’autorité de l’Etat en tant que tel,
il entretient essentiellement un climat de violences
dirigées contre les
villageois, ce qui n’empêche nullement les liens de
solidarité d’être maintenus
par tradition, par honneur ou par crainte. Ce
phénomène n’est pas nouveau et
suit une longue tradition de banditisme insulaire dont la Corse a
souffert au
long des siècles
.
Pourtant, par le fait même, le banditisme est aussi un refus
de l’autorité, des
lois, des normes judiciaires, dans la mesure où ces normes
gênent la liberté du
bandit et ses projets ; dans le même temps, il
n’hésite pas à imposer ses
propres lois et son racket. Parfois, notamment lorsque la pression sur
les
villages risque de faire céder les liens de
solidarité, certains bandits
essaient de se justifier et se font tresser des couronnes de bandit
d’honneur,
de « roi du maquis ».
C’est le temps des interviews accordés aux
journalistes continentaux où le bandit se réclame
des grandes figures du passé
pour faire croire à une résistance patriotique
là où il n’y avait
qu’exploitation des gogos ! Cela ne vous rappelle
rien ? Certains
vont plus loin et se réclament du carbonarisme,
apporté par des nostalgiques de
l’Empire, mais, attention ! le carbonarisme corse,
vrai ou prétendu, est
anti-royaliste, pas anti-français, il est même
fortement coloré de
bonapartisme.
L’empreinte
napoléonienne va
profondément changer la donne en Corse où le
renversement d’image du Grand
Homme transforme l’acceptation de l’annexion en une
épopée où les Corses ont le
sentiment d’avoir leur chance, et où la Corse a
l’impression d’annexer la
France, en profitant des voies d’émancipation
offertes par le fonctionnariat ou
l’Armée. Dans cette île qui est
à mille lieues de la révolution industrielle et
des tensions sociales que Paris connaît
déjà, 1848 sonne plus comme le retour
des exilés napoléonides
que comme un ralliement à la république. Les
Corses ne seront pas déçus, le
Second Empire se préoccupe plus nettement du
développement économique de la
Corse que le premier Empire, tout en y apportant une touche de
« fête
impériale » avec les visites de leurs
majestés. A ce moment, l’île
commence à se sentir reconnue, à se sentir
française, nous avons décrit dans un
précédent chapitre comment elle
s’imagine « Empire »
par procuration,
« Empire corse en ses colonies ».
Sous
la troisième
république, la Corse se détache très
progressivement du bonapartisme qui domine
jusqu’en 1881, puis est définitivement hors jeu
à compter de 1893 en se
ralliant officiellement à la République. A
l’orée du XXè siècle, la
Droite,
grâce aux ralliements, marginalise le radicalisme corse.
L’origine sociale des
élus évolue avec l’euthanasie des
rentiers et des propriétaires fonciers qui
laissent place à de nouvelles élites provenant de
la fonction publique, de la
magistrature ou du professorat. Sur le plan politique,
l’espace est donc occupé
par des forces résolument engagées dans la voie de
l’assimilation. En marge de
cette classe politique, se développent de multiples formes
associatives
républicaines comme la ligue de l’Enseignement, la
ligue des Droits de l’Homme,
les fédérations de jeunesse laïque et de
la libre pensée, les comités ouvriers,
etc. tandis que la franc-maçonnerie renaît, pour
les deux tiers composée de
militaires, de fonctionnaires et d’enseignants,
le tout implanté dans un pays à forte tradition
catholique. En bref, tout
l’espace de l’expression publique est
occupé par des forces qui concourent à
l’assimilation, soit par la course aux honneurs et aux
réseaux parisiens, soit
par l’implantation de solidarités
d’intérêts ou de classes imitant celles
prévalant sur le Continent. Le cas de la
franc-maçonnerie, s’il n’est pas
nouveau en Corse (Paoli fut initié) est tout aussi
symptomatique, car elle
véhicule des idéaux d’universalisme et
de solidarités entre tous les hommes en
fort décalage avec les traditions d’appartenance
clanique ou de quête
identitaire.
C’est
dans ce contexte que
le thème de l’arrachement des Corses de leur
terre, de leurs traditions et donc
la défense même de leur être, va trouver
des avocats dans le domaine culturel,
le seul que les homines novi de la
Troisième République consentent à
laisser comme espace d’expression. Au fond,
qu’est le XIXè siècle pour la Corse si
ce n’est l’évidence d’un
désert de la
Nation corse, une Corse mise à nu dans sa
vérité interne ?
Déracinement,
francisation et émergence d’une identité
C’est
un fait acquis, tout
au long de ce siècle, la Corse poursuivit une longue
tradition d’émigration,
mais cette fois à grande échelle. A la veille de
la première guerre mondiale
(recensement de 1911), plus de 52000 Corses résident sur le
Continent, soit le
cinquième de l’île, chiffre qui doit
être mis en regard des 45000 insulaires
déjà absents de l’île au
recensement de 1893. Le bilan démographique est
malaisé, et si l’on ne peut raisonnablement
établir un écart démontré
avec les
chiffres officiels jusqu’en 1890, les corrections que les
historiens apportent
aux chiffres ultérieurs, et ce jusqu’en 1981,
montrent une profonde cassure qui
va durer jusqu’en 1960, avant que la courbe
démographique ne remonte sous
l’effet de la disparition de l’empire colonial et
de l’immigration étrangère en
Corse.
Cette émigration est, en grande partie, le fruit des
difficultés agricoles de
la fin du siècle et de l’échec du
décollage industriel ; mais pouvait-il
vraiment y avoir décollage dans une économie sans
véritables ressources
exploitables à un coût concurrentiel et
entravée par les conditions de
transport interne à l’île plus encore
que par les tarifs douaniers. Nous
serions incomplet et partial en n’ajoutant pas
l’attrait de la
fonctionnarisation et de l’emploi public, car si nombreux
furent les émigrants
qui entrèrent dans ces carrières, bien moins
nombreux furent ceux qui prirent
des emplois industriels dans les villes du Continent.
Cette
dépression
démographique de soixante-dix années va peser
lourd sur l’image que les Corses
ont d’eux-mêmes, et ce différemment
selon les périodes. Il faut néanmoins
retenir que l’émigration vers le Continent
s’accompagne souvent de pratiques
associatives, les amicales,
centrées autour du village dont on maintient les liens
affectifs
et d’intérêts.
L’émigration vide les villages en
priorité, surtout celle qui
transite par le Continent pour une destination réelle plus
lointaine, vers les
Colonies. Mais l’émigration a aussi un impact de
brassage interne à l’île qui
transforme le réseau urbain en dynamisant les
pôles littoraux au détriment des
bourgs de l’intérieur. Ces pôles
littoraux, à l’avènement du Second
Empire,
commencent ainsi à se développer grâce
à une population en transit (activité
portuaire, administration, Armée).
En
partant ailleurs, sur le
Continent ou aux Colonies, ils perdent le contact avec la matrice
langagière du
village, même si les amicales ou la forte présence
corse au sein de l’armée
coloniale ont parfois joué un rôle de
conservatoire identitaire. L’émigration
interne vers les villes du littoral a le même effet
d’arrachement, les enfants
étant alors immergés dans un bain
pédagogique privilégiant la maîtrise du
Français, tout au long de la IIIè
République. Enfin, par le service
militaire et la carrière aux armées, et,
s’agissant des Corses, n’ayons garde
de l’oublier, par l’aventure coloniale, le
bilinguisme français-italien cède la
place au français, seule langue admise. La presse insulaire
s’écrit en
français, de même les élites
politiques, si elles parlent corse avec leur
clientèle, rédigent leurs discours et leurs
mémoires en français.
Pour
autant, au regard de la
perte d’identité, les
bénéfices que les fils
des villages retirent de
l’émigration ne sont pas reçus comme
positifs par
tous. Le thème ressassé en
cette fin du XIXè siècle est celui du
déclin de
l’île qui, pourtant, ne connut
jamais une position aussi brillante, ou mieux encore puisque mettant en
scène
l’Etat français, celui de l’abandon ou
de
l’île oubliée. Et ce thème
n’est pas
le fait d’indépendantistes avant l’heure
mais est
colporté par la presse
bonapartiste, ainsi La République,
journal bonapartiste (eh ! oui) qui évoque une
Corse moins bien traitée
qu’une colonie ! Ce thème de
l’abandon et de l’irrespect des traditions
régionales est partagé avec les mouvements
anti-républicains du Continent. A ce
stade, il s’agit plus de l’expression
d’une mouvance réactionnaire
véhiculée
par la presse conservatrice et ce serait faire un contresens historique
que d’y
déceler un engagement nationaliste, progressiste voire
anti-colonial.
C’est
d’ailleurs sur les
presses bonapartistes ajacciennes que naît le premier
hebdomadaire corsiste, A Tramuntana fresca e
sana, qui se
définit comme couvrant un large spectre
d’expression culturelle, mais aussi
politique et satirique. Son fondateur, Pierre-Toussaint Casanova dit
Santu
Casanova (1850 – 1937), commet ses premiers écrits
dès 1876 en italien, avant
de s’intéresser de près à la
défense du dialecte et à la culture corse. La
démarche n’est pas isolée, elle ne
naît pas dans un désert et dans
l’indifférence, il suffit de rappeler
l’important travail de recherche
historique mené au sein de la Société
des
sciences historiques et naturelles de la Corse,
fondée en 1881 par l’abbé
Lucien-Auguste Letteron, qui, bien que Continental,
n’introduisit aucun biais
pro-français dans les études menées.
Néanmoins, il manquait aux yeux de Santu
Casanova une revue écrite en corse, uniquement par des
Corses, et parlant de la
misère corse et du danger de l’assimilation.
Ainsi, il dénonce, dans sa revue
la situation économique et sociale ainsi que la politique
d’abandon de l’île.
Le thème de la purification de
l’air dans
lequel évolue la société
insulaire , qu’il ne faut pas confondre
avec la
thématique de la purification ethnique douce des attentats
matériels et des
bombages IFF perpétrés par le FLNC un
siècle plus tard, est celui de la
purification de la politique politicarde dont
l’arénisme
est l’expression la plus achevée dans
l’île. C’est le premier vrai
départ pour
un régionalisme corse, ce n’est pas, encore,
l’irrédentisme. Et nous verrons plus loin que les
nationalistes corses
d’avant-guerre ne mûrirent nullement un projet
indépendantiste, malgré la
campagne menée à l’occasion de
l’érection d’un monument
commémoratif
à Ponte
Novo.
Pour
l’heure, Casanova lutte
contre la République, de la même façon
que les anti-républicains du Continent ;
ses textes sont pétris de thèmes
d’exclusion et de purification (antisémitisme,
lutte contre la franc-maçonnerie, défense de la
Corse chrétienne contre les
manœuvres agnostiques, etc.).
L’idéologie de Santu Casanova n’est pas
seulement
celle du régionalisme corse, elle s’inscrit
naturellement dans ce mouvement de
fond français de la droite révolutionnaire
incarnée par Drumont comme le
Muvrisme développera une idéologie de type
maurassien quelques décennies plus
tard. Mais cette feuille de chou ne serait qu’un rameau de
boulangisme si elle
n’avait que cette dimension. Si l’on commence
traditionnellement par elle avant
de parler du Muvrisme, c’est non seulement parce
qu’elle en fut la matrice mais
parce qu’elle voulut dès le premier
numéro écrire
le corse. C’est poser le postulat d’un
être du Peuple qui n’existe que par la
langue ; c’est une notion-type du XIXè
siècle, on a vu qu’auparavant
l’équation langue-peuple-royaume
n’allait nullement de soi. L’exacerbation de
cette identification à la langue allait d’ailleurs
déboucher sur le principe
des nationalités, véritable poudrière
de l’Europe au siècle suivant. Mais dans
cette petite île où l’on parle plusieurs
langues (dialectes du nord, du centre,
gallurais, génois), où chaque piève a
son parler, où le corse est utilisé par
la population ou par les élites lorsqu’elles
s’adressent aux électeurs dans les
tournées de village, écrire
le corse
est un défi, une tentative de construire enfin
le peuple corse. Cette tentative pour faire émerger le corse
comme langue (au
XIXè siècle, et souvent encore
aujourd’hui, le sens commun ne considère comme
langue que l’écrite, le reste n’est que
patois ou au mieux dialecte), s’oppose
au rouleau compresseur du français, certes, mais aussi
à l’italien qui fut, de
tout temps, la langue des élites cultivées.
Paradoxalement les corsistes
d’alors furent les alliés inconscients de
l’Etat dans l’éradication de la
culture italienne en Corse. Encore aujourd’hui, nos
nationalistes ne font pas
autre chose en occultant du mieux qu’ils peuvent la
toscanité du corse. Résultat,
les Corses ne parlaient plus l’italien, peu le corse, mais,
maîtrisant
parfaitement le français, ont fini par devenir francophones.
La
mise en avant de la
langue comme ciment de l’identité se double chez
Casanova de références
historiques hostiles à Gênes (et donc à
l’italianité), comme de prises de
distance vis-à-vis de la France sur la base de la
différence linguistique mais
aussi ethnique, les Français étant
classés dans l’échelle de la race latine (ce sont les termes de Santu
Casanova) à une distance éloignée des
Corses. Ce thème de la race est
d’ailleurs tellement prégnant que notre
pamphlétaire n’hésite pas à
établir un
parallèle avec la question juive, en pleine affaire Dreyfus,
en essayant de
hisser la question corse au même niveau par une emphase
tactique
mais qui sera de peu d’effet. Nous avions
déjà noté combien les corsistes ont
gardé ce réflexe d’instrumentalisation
de la question juive jusqu’à maintenant
pour illustrer la qualité de solidarité et
d’accueil des insulaires dans le
cadre d’affaires criminelles. Mais alors, il
s’agissait de conforter la
persistance d’une attitude rétive à
l’assimilation chez le Corse comme miroir
de la question juive telle qu’elle était
perçue à cette époque.
L’existence
du peuple corse
ainsi défini par sa langue et sa race
est perçue comme étant mise en danger par la
conjugaison de plusieurs
agressions : le centralisme jacobin, l’exode des
Corses vers les Colonies
ou le Continent (on parlera bientôt de racolage), la
complicité des élus
insulaires, la présence d’une forte
communauté étrangère, en particulier
italienne.
La
solution française, c’est-à-dire le
développement de l’emploi administratif en
lieu et place du développement de l’île,
n’est pas acceptée comme un moindre
mal, et encore moins comme la seule solution viable, mais comme une
solution
qui s’accompagne obligatoirement de l’abandon de
l’identité corse et ne peut
qu’appauvrir l’île. A
Tramuntanan’explique
jamais pourquoi le fonctionnarisme appauvrirait
l’île ni
comment une
économie insulaire serait viable, mais peu importe, le pli
est
pris, les
corsistes ne s’arrêteront plus de se nourrir de
mots, alors
même que personne
jusqu’alors n’avait véritablement
exploré les
conditions économiques
nécessaires à l’indépendance
de
l’île. Même les auteurs italiens de
l’immédiat
après- guerre s’étonneront toujours de
cette
faconde illusionniste des
nationalistes corses.
Dans
l’île, les idées
cheminent lentement, et Petru Rocca (1887-1966), à la veille
du premier conflit
mondial, reprend le flambeau. Dans son livre Les
Corses devant l’anthropologie (1913), il
développe, à son tour,
des thèmes voisins autour de la langue et de la race corse,
laquelle serait
plus pure, moins métissée que la
française ou que beaucoup d’autres. En 1914,
tout s’arrête, les Corses se pressent à
l’enrôlement. L’heure n’est
plus à la
revendication insulaire, l’heure est à la
défense de la Patrie, de la Patrie
française.
Le choc en retour du pacte de sang
Pour
tous, la guerre de
14-18 fut, à la fois, une interruption et une remise en
cause des perspectives.
Les corsistes de la nouvelle génération sont
très souvent des anciens
combattants qui ont fait leur preuve sur le champ de bataille, qui sont
décorés
(Petru Rocca est chevalier de la Légion
d’Honneur). Le marasme économique, la
déprise agricole, le tournant de la fonctionnarisation qui
semble irréversible
provoque la résurgence des idées
d’autonomie. D’autonomie, encore, car la
rupture avec la France n’est pas encore à
l’ordre du jour parmi ces héros de la
Grande Guerre, qui ont l’impression que le pacte du sang
versé n’est pas honoré
comme il se devrait par une France devenue ingrate. Ce fameux pacte de
sang
dont on a vu qu’il repose sur le mythe du
« sur-sacrifice » des
Corses, satisfait pleinement un certain narcissisme insulaire qui
s’attend à ce
que l’Etat ait l’œil fixé en
permanence sur l’île ; aussi lorsque le
Corse, décoré, auréolé du
prestige du héros, retrouve sa chaumine enfumée
et
l’étroitesse de son village, il pense
être une dupe. Et quand Petru Rocca,
installé sur le Continent, se retrouve, Français
parmi d’autres Français, en
butte à l’indifférence envers le sort
de son île, il fonde en 1920, avec son
frère, une revue culturelle, A
Muvra,
qui, comme A Tramuntana,
vingt-quatre
ans plus tôt, affiche des ambitions de défense des
intérêts de l’île.
C’est
dit, ce ne sera pas une revue folklorique mais une revue de combat.
Deux ans
plus tard, en octobre 1922, Petru Rocca fonde le Partitu
Corsu d’Azione qui, à partir
d’une position culturelle
corsiste, développe bientôt des thèmes
indépendantistes centrés sur
l’insistance portée à la Nation, au
Peuple corse, et où 1769 (bataille de Ponte
Novo) et plus encore les idéaux de 1789 sont
considérés comme les fossoyeurs de
la patrie corse, en développant à longueur de
textes le mythe de la « Nation
vaincue qui doit renaître ».
L’une
des premières
campagnes du Partitu
s’est engagée
dès sa première année
d’existence dans la commémoration de Ponte Novo.
Les
événements qui se sont
déroulés alors sont typiques de la bipolarisation
absolue
de l’opinion publique corse ; d’un
côté, les
« assimilationnistes » qui
considèrent que l’entrée dans la nation
française est acquise, d’un autre les partisans de
l’autonomie ou de
l’indépendantisme (à cette
époque les frontières ne sont pas encore nettes,
pas
plus d’ailleurs que la question de
l’italianité). Parmi les assimilationnistes,
l’une des figures les plus marquantes au plan culturel et
doctrinal est le
professeur Ambroise Ambrosi, auteur de l’Histoire
des Corses et de leur civilisation, dont les dissertations
géologiques
naïves pourraient faire sourire,
mais qui flaire déjà le danger
irrédentiste avant même ceux qui finiront par y
tomber. Ses exagérations, y compris au plan historique
où il s’échine à minorer
au-delà de l’acceptable la période
pisane, entraîne des réactions
d’érudits
comme Paul Graziani, ancien de l’Ecole des Chartes et
élève de Sylvestre
Bonnard, et qui fut l’un des piliers culturels du Partitu.
Pour en revenir au
monument commémoratif de Ponte Novo, un comité
parisien recueillait des
souscriptions pour ériger un monument
célébrant l’entrée de la
Corse dans le
giron de la Nation française, avec l’appui en
janvier 1923 du Conseil général
de la Corse, dans le droit fil de la vision
développée par Ambrosi et d’autres
assimilationnistes. Le Parti de Petru Rocca lança une
contre-souscription pour
un monument dédié aux seuls combattants
paolistes ; ils obtinrent gain de
cause comme le savent ceux qui peuvent lire depuis 1925 sous la croix de
ponte
Novo : qui casconu u 9 maghju 1769 e milizie di Pasquale de Paoli luttendu per a libertà di a patria.
Les corsistes du mouvement accentuent leur pression pour la
réouverture de
l’université de Corte (échec) mais, sur
le plan électoral ils emportent un certain succès en
faisant campagne pour l’abstention aux élections
générales (40 %
d’abstentionnistes). Pour finir, dès les
premières années, le partitu
fait des propositions qui
veulent répondre au discours d’Alexandre Millerand
de retour d’une tournée en
Algérie en 1922,
propositions qui relèvent, à ce moment, plus de
l’autonomisme que de
l’indépendantisme vrai. Ces propositions ne
feraient plus scandale aujourd’hui,
le lien avec la République devant être maintenu en
la personne d’un
Haut-Commissaire ; on y trouve des
éléments du statut de la Corse actuelle
ainsi qu’un Parlement corse dont les attributions, sans
être précisément dessinées
dans les premiers numéros d’A Muvra qui en
traitent, semblent aller un peu
au-delà de ce qu’envisageait le
Référendum du 6 juillet 2003 dans le cadre de
l’autonomie législative. Le Sindacatu,
contrôle des deux pouvoirs, exécutif et
législatif, venait compléter le
dispositif, et ressemble aux Cours régionales des comptes,
à ceci près qu’il
devait contrôler les deux ordres, administratif et
judiciaire, et était composé
de membres élus, issus du Parlement ou directement
élus par le Peuple.
L’idéologie
des corsistes
est nettement marquée par le souvenir de
l’autonomie des provinces et s’oppose
clairement au centralisme jacobin en développant un discours
contre-révolutionnaire, où sont
exaltés les thèmes de la race, de la Nation
corse, de l’ordre, de l’autorité et bien
sûr de la religion, sous-entendue
catholique, considérée comme ciment de la
société corse mais concurrencée par
les nouvelles formes de sociabilité laïque
gravitant autour du radicalisme. Le
parti corse d’action, parti de notables et
d’intellectuels et non d’activistes,
à ses débuts, se veut apolitique et
engagé dans une lutte d’influence (on
l’a
vu s’agissant de la campagne pour l’abstention) sur
le système
politique local. Cette
stratégie trouve rapidement ses limites, le
système politique insulaire étant,
à droite comme à gauche, totalement
pensé et dirigé dans un cadre de
référence
continental pour ce qui est de son approche partisane, et
pratiqué selon une
optique clientéliste dans le cadre de sa relation
à l’électeur, lequel attend places,
emplois, promotions, faveurs, et rien d’autre.
Aussi,
dès 1926 le discours se radicalise et le Partitu
Corsu d’Azione devient le Partitu Corsu Autonomista, sans
changement d’acronyme
mais avec une sensible évolution du sens de la lettre
A ; il ne s’agit
plus d’agir au sens d’influer, mais
d’aller vers l’autonomie. Malgré tout,
les
partisans de l’autonomie que sont les muvristes
ne sont toujours pas
encore engagés dans un processus de rupture avec la Nation
française. Leur
positionnement ressemble à ceux de nombreux mouvements
régionalistes, breton ou
basque, et, au lendemain de la première guerre mondiale,
singulièrement à
l’autonomisme alsacien. Si les
références au droit des peuples à
disposer
d’eux-mêmes sont nombreuses dans la publication du
mouvement, les aspirations
corses qui sont présentées sont celles de
l’autonomie d’une région et de la
défense de l’identité. C’est
le jacobinisme et l’incompréhension de Paris qui
poussera les muvristes dans leurs derniers
retranchements, et ce sont
les sirènes du fascisme et la seconde guerre mondiale qui,
ici comme en Alsace,
feront diverger les cheminements des compagnons d’alors.
Les
sirènes de l’irrédentisme
Petru
Rocca et ses amis
passent de la revendication d’autonomie à une
prise de position séparatiste de
plus en plus affirmée jusqu’à
l’appel officiel au séparatisme lancé
la revue A
Muvra en 1935. Cet appel, qui se veut une solution à la
crise démographique et
identitaire de la Corse, n’apporte pas de vraie solution
économique ou sociale
mais insiste sur le schéma institutionnel.
L’important n’est pas de vivre
riches et heureux mais de vivre ce qu’on peut vivre entre
Corses, gouvernés par
des Corses. Dans le même temps,
l’indépendantisme affirmé se conjugue
avec une
attention de plus en plus marquée à ce qui se
passe de l’autre côté de la
Tyrrhénienne. La même année, Francesco
Guerri
en charge de la promotion des poussées
irrédentistes auprès du Duce promène
le
vieux Santu Casanova dans la botte italienne et le présente
à Mussoloni. La
visite est très remarquée en Corse et la revue
A Muvra publie les
déclarations faites par le vieux poète tout au
long de sa tournée,
déclarations, on s’en doute, peu amènes
à l’égard de la France et de la
République. Du côté italien, les
énergies se mobilisent et après les
publications de Guerri, suivent celle du professeur GioacchinoVolpe, de
l’Université de Pise (Archivio storico di
Corsica), au sein de laquelle
quelques étudiants corses militent au sein des
« gruppi di a cultura
corsa ».
Durant
cette époque, le discours politique de
l’autonomisme
fut nettement influencé par
l’irrédentiste fasciste au point de perdre toute
pertinence au regard des notions de Nation corse,
d’indépendance ou
d’autonomie. Il s’est agi de choisir entre le
corsisme originel et le rattachement
à la Mère Patrie Italie. Certains s’en
éloignèrent et non des moindres comme Paul
Arrighi, Maestrale ou Pierre Dominique. Mais, il
est
notable que le discours muvriste ne fut pas seulement
irrédentiste, il a
également épousé la dérive
du discours fasciste vis-à-vis des menées
hitlériennes en Europe. Comme pour les fascistes italiens,
la dimension
racialiste du discours s’intensifie. Le journal colle
à la politique allemande
en Europe Centrale, et développe des arguments
antisémites et xénophobes. En
1938, Petru Rocca est radié de la Légion
d’Honneur et en 1939, le journal
lui-même est interdit de parution. Dès lors ceux
qui demeurent dans la mouvance
irrédentiste vont devoir collaborer.
Cela
étant dit, il faut
prendre conscience que la collaboration avec l’occupant qui
reste
exceptionnelle est plus le fait d’une dérive
fascisante que proprement vichyste
d’autant que, on l'a vu, Vichy est perçu comme un recours
contre l’irrédentisme. Aussi, dès
le vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain,
les députés insulaires ont
presque unanimement manifesté leur soutien. La Droite
traditionnelle du clan
Pietri s’est ralliée avec un enthousiasme
philo-germanique remarquable et
d’autres militaient dès avant-guerre au PPF de
Doriot, comme Simon-Pierre
Sabiani qui se fit auxiliaire de la Gestapo sur le Continent. Au
début de la
guerre, la Corse est tétanisée, et laisse libre
cours aux militants fascistes
comme aux pétainistes convaincus, qui lancent des campagnes
anti-sémites
violentes. Les décrets anti-juifs de 1941 ne provoquent
aucune réaction notable
malgré la révocation de fonctionnaires
d’origine juive, montrant une
indifférence et une passivité comparable
à celle prévalant sur le Continent.
C’est fin 1942, que la Corse est
occupée (mais bizarrement non officiellement
annexée) par les Italiens.
Malgré
le choc que cela
représente dans l’île
(l’irrédentisme
n’a guère pénétré
la population), la
Résistance se forme peu à peu derrière
les
communistes puis les gaullistes mais,
soyons net, c’est la venue en masse des soldats italiens qui
précipite les
choses en poussant les tièdes à la
résistance et
les collaborateurs notoires à
l’attentisme.
L’héritage du
muvrisme
La
compromission de certains
muvristes avec l’occupant fasciste italien, et alors que la
Corse veut faire
oublier cet épisode en mettant l’accent sur les
faits d’armes de la résistance
et le titre de premier département de France à
être libéré, de lui-même,
dès
1943, fait disparaître le corsisme de la vie publique,
culturelle ou politique,
de l’île. Les comptes seront
définitivement réglés en 1946, dans le
cadre de
l’épuration qui toucha l’île
comme le reste de la France, mettant à mal le
mythe de l’unanimité dans la résistance
à l’occupant et au fascisme. Ainsi, en
octobre 1946, les anciens étudiants corso-pisans sont
condamnés à mort à
Bastia, lesquels seront finalement graciés (l’Etat
eut la main moins lourde
qu’avec Karl Roos, séparatiste alsacien,
fusillé avant guerre, en 1939).
D’autres irrédentistes furent poursuivis tant au
sein de l’Armée, en Algérie,
que parmi les anciens muvristes, à commencer par Petru
Rocca. Après cela, deux
décennies vont s’écouler avant que le
corsisme renaisse, mais il a, en réalité,
moins à voir avec l’aventure de Rocca et ses
frères qu’avec les nouvelles
conditions historiques et économiques faites à
l’île, dans les vingt années qui
suivirent la rétraction de l’Impérium
franco-corse.
Si
l’aspiration à retrouver
les racines est bien présente, le mouvement se
développe dans un autre
contexte, celui de la décolonisation et du bouleversement
des structures
économiques et sociales de notre époque. En
outre, la filiation est
délibérément
écartée car insoutenable dans une île
qui vit sur une réputation
bien établie de résistance à
l’occupant fasciste. Mieux, les nationalistes se
présentent comme les nouveaux résistants, en
endossant ainsi les habits des
authentiques héros qui, parfois, se contraignirent
à répondre en français lors
des interrogatoires de l’OVRA, alors même que leurs
tortionnaires les
interrogeaient en corse. Enfin, de nos jours, l’assimilation
de la présence
française à une occupation coloniale voire
fasciste cultive un négationnisme
nauséabond dans la mesure où, par des
comparaisons infondées, la nature des
régimes en question est banalisée. Ainsi, au prix
de contorsions historiques,
les nationalistes d’aujourd’hui se
présentent comme des héritiers des Corses
résistants, le souvenir de Petru Rocca étant
évoqué (lorsqu’il l’est) sous
le
seul angle culturel en minimisant la portée de
l’engagement irrédentiste ;
au point que certains, notamment sur les sites nationalistes de
l’internet
lorsqu’ils traitent la question du muvrisme, se laissent
aller à traiter de
« collabos » avec toutes les
connotations que ce terme sous-entend, ceux
des muvristes qui quittèrent le mouvement dès
lors que celui-ci quitta le
terrain corsiste au sens strict pour d’autres rivages
tyrrhéniens.
Il
n’empêche, des
ressemblances troublantes demeurent. Tout d’abord, la
société insulaire se
transforme profondément avec la chute de l’Empire
et la disparition des débouchés
dans l’Armée, avec le retour des
engagés dans l’île ce qui augmente la
demande
d’emploi, mais aussi avec l’explosion de la
pression touristique, et la
tendance affirmée et continuée à la
désertification de l’intérieur,
à
l’exception de Corte, sauvée par son
Université. L’île connaît
ainsi une
troisième transformation de ses structures
économiques et sociales après celle
de la fin du XIXè siècle et des années
Vingt. L’angoisse, le manque de
perspective, la sensation d’une perte de substance et de
manque de visibilité
de l’avenir de l’île sont des facteurs
qui aujourd’hui comme hier favorisent le
développement d’un discours de type
« paradis perdu » ou de
reconquête de l’identité. Plus
inquiétante parce que reflétant un
réflexe
systématique qui n’a rien appris de
l’Histoire, est la filiation avec la
xénophobie et l’ethnicisme du discours corsiste de
l’entre-deux-guerres, mais
dont la légitimité, il est vrai, sort
renforcée de l’exemple de
l’Algérie dont
l’indépendance a abouti au départ des
Pieds-Noirs, et qui donc peut
s’interpréter comme une purification ethnique
réussie et acceptable. Après tout,
les promoteurs du nationalisme corse des années Soixante-dix
ont beaucoup
appris du FLN algérien, ayant fait leurs armes dans les
rangs de l’OAS et, dans
les années Soixante, les derniers attentats OAS se
distinguent mal des premiers
attentats autonomistes. Les recettes algériennes (hors le
terrorisme aveugle)
sont copiées et le combat nationaliste est repeint aux
couleurs du
tiers-mondisme, aux couleurs des luttes de libération
nationale, voire du
socialisme pastoral.
Ajaccienne,
chanson écrite en 1850 par Jean François Costa (1813-1889), qui fut préfet et
Conseiller référendaire à la Cour
des Comptes mais aussi
auteur de diverses pièces de poésie, en
particulier il écrivit … « La Bataille
de Ponte
Novo », chant corse !
L’individu
n’est pas un inconnu,
professeur à Livourne, dès 1928, il publiait un
ouvrage très critique vis-à-vis
des responsabilités de la France
dans les crises insulaires « La
Corsica
vista da un
vagabondo », dans lequel la France
est décrite comme la seule responsable des crises
vécues dans l'Ile. et dans une revue
confidentielle qu’il avait
fondé en 1932, il multiplie les articles
démontrant l’italianité de
l’île, ce
qui n’est une découverte pour personne, mais
surtout la nécessité de son
retour
dans le giron transalpin.
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C’est
une histoire de mythes et d’identité : la question
corse
qui fait souvent l’actualité
a tordu la mémoire des faits. Le tout
grâce
à la
réécriture de l’Histoire de
l’île et à la mythologisation de
la langue
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Allons
plus loin déshabillons le paon pour découvrir le
poulet qui est
dessous. La Corse fut-elle le phare des Lumières ? Y-a-t-il
eu une
Corse vraiment indépendante et que voulaient les Corses sous
Paoli ?
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La
Corse s’est ralliée. A-t-elle combattu ? La Corse
eut-elle un comportement
si différent des autres provinces de la
République française ? Le
ralliement fut-il facile ? A-t-elle cru se découvrir un
destin ?
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La
petite île a-t-elle voulu donner des gages ? S'est-elle
imaginé un
Empire par
procuration ? Lors de l'occup', fut-elle exemplaire ? A-t-elle des
leçons
à donner ?
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Une
fois l’Empire colonial effondré, que
devient la petite île ? Veut-elle s’en retourner
à son passé glorieux
mais confisqué et veut-elle enfler ses mythes pour les
vendre à l'encan ?
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Les
mythes se portent bien, ils se sont même diffusés
partout. Faut-il en
rester là et faire du chantage à la Dette ? Ou
bien, au contraire,
est-il possible que l'île envisage de sortir du mythe et arrive à affronter la
réalité du monde moderne ?
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